Uncategorized

Lors du séminaire« L’officialisation de la langue amazighe, un enjeu institutionnel » : L’accent a été mis sur le droit des Marocains à célébrer le Nouvel An amazigh comme fête nationale et jour férié

Saliha Boujraf

Les participants à un séminaire, organisé par les groupes harakis dans les deux chambres du Parlement en coopération avec le Front amazigh pour l’action politique, sur le thème « L’officialisation de la langue amazighe, un enjeu institutionnel », jeudi dernier à Rabat, ont été unanimes à souligner le droit des Marocains de célébrer officiellement le Nouvel An amazigh, en tant que fête nationale et jour férié chômé et payé, à l’instar des autres fêtes et jours fériés.

Les intervenants, qu’ils soient des acteurs politiques ou des chercheurs dans la culture amazighe, ont estimé que l’officialisation de la langue amazighe serait une « décision historique qui rendrait justice à une langue, à une culture et à une identité ancestrales du Royaume ».

 

Laenser :Le Nouvel An Amazigh unit tous les Marocains

Dans ce contexte, M. Mohand Laenser, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a appelé à faire du Nouvel An amazigh « une fête nationale et un jour férié chômé et payé », affirmant que « la célébration du Nouvel An amazigh consacre la fierté de tous les Marocains, et pas seulement des Amazighs, de leur identité, et consolide le pluralisme qui distingue la société marocaine avec tous ses affluents ».

Laenser a ajouté qu’« au Mouvement Populaire, nous ne sommes pas de ceux qui revendiquent davantage de jours fériés, mais l’événement du Nouvel An amazigh unit tous les Marocains. De ce fait, il doit être officiellement consacré.Personne ne peut nous faire des surenchères, car la question amazighe transcende tous les clivages et surenchères partisans.

Par ailleurs, M. Laenser a souligné que la constitution marocaine est claire à ce sujet, car elle a évoqué tous les affluents qui font l’exception et la spécificité marocaine, précisant, d’autre part, que la constitutionnalisation de la langue amazighe et l’adoption des lois organiques y afférentes ne sont pas suffisantes, car encore faudrait-il veiller à leur mise en œuvre.

Le Secrétaire général du Mouvement Populaire a également évoqué le rôle de la langue amazighe dans la réalisation de l’essor économique escompté, en particulier dans les zones rurales et montagneuses, indiquant que « la réalisation du développement et la promotion de la situationdes populations dans les zones rurales demeurent tributaires de la garantie d’une équité territoriale entre les différentes régions du Maroc ».

Laenser a poursuivi en précisant « nous voulons que les Marocains soient égaux devant leurs droits et leurs devoirs.Il ne faudrait pascéder à ceux qui voudraient effacer le pluralisme qui distingue la personnalité marocaine ».

 

Hajjajs’étonne de la tergiversationdans l’institution du Nouvel An amazigh

Pour sa part, M. MohieddineHajjaj, Coordinateur national du Front pour l’action politique amazighe, a appeléà ce que la reconnaissance populaire du Nouvel An amazighsoit couronnée par son officialisation de manière administrative par un décret l’instituant comme fête nationale et jour férié chômé et payé.

Hajjajs’est dit étonné de la tergiversation dans l’institution du Nouvel An amazigh, exprimant son regret que le Nouvel An amazigh n’ait pas été officiellement célébré cette année, qui coïncideavec l’an 2971, car toutes les indicateurs présageaient qu’il en serait ainsi.

D’autre part,M. Hajjaj s’est arrêté sur le rôle du Mouvement Populaire dans la constitutionnalisationde la langue amazighe, affirmant, à cet égard, « pour l’histoire, personne ne peut nier le rôle du Mouvement Populairedans la consécrationde la langue amazighe en tant que langue officielle aux côtés de la langue arabe.Nous revendiquons en 2021 l’officialisation du Nouvel An amazigh, et nous sommes toujours confrontés à la tergiversation et aux manœuvresdilatoires.Qu’en est-il alors de ceux qui luttaient pour le pluralisme depuis 1959, lorsque le monolinguisme était prédominant, dont nous vivons toujours les répercussions.Ceux quiinsistent encore sur le monolinguisme ne pourront rien réaliser, car le pays ne peut pas marcher sur un seul pied ».

 

Moubdiîrappelle les initiatives entreprises par le Groupe Haraki pour rendre justice à la langue amazighe

De son côté, M. Mohamed Moubdiî, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a mis en exergue l’importance d’organiser ce séminaireconcomitamment avec l’avènement duNouvel An amazigh au vu de sa symbolique historique, rappelant que le Mouvement Populaire, qui a appeléà rendre justice à la langue et à la culture amazighes, n’a jamais cherché à l’exploiter politiquement, tout commeil a refusé touteinstrumentalisation de cette question qui pourrait porter préjudice à l’unité nationale et semer la discorde dans les rangs de la nation unie, ou la distraire d’unir ses efforts pour réaliser le développement, lutter contre la pauvreté et le sous-développement et instaurer la justice.

Moubdiî a également rappelé les initiatives législatives et de contrôle du Groupe Harakien relation avecla réhabilitation de la langue et de la cultureamazighes, affirmant, à cet égard, « nous avons été les premiers à défendre la création d’une chaîne de télévision amazighe et nous défendons encorel’institution du Nouvel An Amazigh comme fête nationale et jour férié chômé et payé.Nous avons contribué, au niveau législatif, à présenter des propositions de lois, dont la dernière a été la proposition de loi modifiant et complétantla loi n° 3.64 et ce, dans l’objectifd’amender l’article 5 qui stipule que la langue arabe est la seule langue des délibérations, des plaidoiries et de prononciation des jugements dans les tribunaux marocains,à travers l’intégration de la langue amazighe comme langue de délibération, de plaidoirie et de prononciation des jugements conformément à l’article 5 de la Constitution ».

Moubdiî a ajouté que « le Groupe Haraki a joué un grand rôle dans l’adoption de l’alphabet Tifinagh comme alphabet officiel pour l’écriturede la langue amazighe et ce, lors de la discussion des deux lois organiquesrelativesà la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et au Conseil national des langues et de la culture marocaines ».

Le dirigeant haraki n’a pas manqué d’évoquerla mémoire du leader feuMahjoubiAherdan, le président fondateur du Mouvement Populaire, décédé en novembre dernier, après avoir consacré sa vie à la défense farouchede la question amazighe. Dans ce sens, M.Moubdiî a affirmé que feu Aherdana immortalisé son nom dans l’histoire en tant que défenseur acharné, qui a consacré sa vie à la défense du Marocdes libertés et des institutions, le Maroc del’identité unifiée dans laquelle fusionnent toutes ses composantes arabe, amazighe et hassanie, riches de leurs affluents africain, andalou, arabe et méditerranéen.

 

Sbaîi : La lutte institutionnelle est le moyen légitime de traiter et de résoudre toutesles questions

A son tour, M. M’barekSbaîi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers, a qualifiécette rencontre de distinguée, compte tenu de la nature de la question débattuequi est en lien avec l’identité nationale, en particulier sa composante amazighe, qui est une composante essentielle qui n’a pas encore jouit de la place qui lui sied dans les politiques publiques et dans les différents aspects de la vie publique.

Sbaîi a rappelé les revendications réitérées aujourd’hui ont été portées par les luttes du mouvement amazigh avec ses différentes composantes depuis des décennies, dont le parti duMouvement Populaire qui a porté le fardeau de défendre cette cause nationale depuis sa création en lui consentant d’énormes sacrifices qui ont abouti à une transformation stratégique de notre pays grâce à la Sagesse Royale et au militantisme démocratique de tous ceux qui ont cru en la justesse et en la nécessité de rendre justice à cette composante authentique de l’identité marocaine et ce, à travers des étapes qualitatives,partant duDiscours Royal fondateur à Ajdir et arrivant à la constitutionnalisation de la langue amazighe en 2011, et suivies duachèvement de la procédure législative et l’adoptiondes deux lois organiques importantes relatives à la définition des étapes de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et à la création du Conseil national des langues et de la culture marocaines, comme point d’entrée pour l’activation positive de l’officialisationde la langue amazighe.

Dans uneallocution lue en son nom par M. Ahmed Chada, membre du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers,M. Sbaîia exprimé le souhait que ce séminaireaboutisse à des conclusions et des propositions portant sur la mise en place de mécanismes pour mettre en oeuvre les dispositions de la constitution liées à l’officialisation de la langue amazighe, réaffirmant la détermination du Groupe Haraki à œuvrer dans ce sensà travers son action législative, de contrôle du travail gouvernemental et d’évaluationdes politiques publiques et ce, à la lumière de sa ferme conviction que la lutte institutionnelle est le moyen légitime de traiter et de résoudre les différentes questions sociétales, y compris la question amazighe, qui est de la responsabilité de tous les Marocains.

Il convient de noter le séminaire, qui a été organisé pour célébrer le Nouvel An amazigh 2971, a été marqué par les interventions d’acteurs politiques et de chercheurs dans la culture amazighe. Les travaux de ce séminaire se sont articulés autour de deux sessions : la première session a été présidée par M. Hamid Kouskouss, 3ème Vice-président de la Chambre des Conseillers, et la seconde session a été présidée par M.LahcenSekkouri, membre du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants. Ce séminaire a été clôturé par la présentation d’un rapport de synthèse par M.Abderrahman Bouziane, directeur du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants.

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page