Lors d’une rencontre organisée par la Commission des programmes et de la plateforme politique et consacrée à la discussion de l’axe « Protection sociale » :
Des politiques et des spécialistes expriment leurs inquiétudes par rapport à la réédition de l’expérience de « Ramed »
Saliha Boujraf
Les participants à la rencontre organisée, jeudi dernier à Rabat, par la Commission des programmes et de la plateforme politique, issue du Comité préparatoire du 14ème Congrès national du parti du Mouvement Populaire, et consacrée à la discussion de l’axe “Protection sociale”, ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à l’échec du chantier de généralisation de la protection sociale aux citoyens et à la réédition de l’expérience du régime d’assistance médicale « RAMED », surtout au regard de nombreux défis, dont notamment l’absence du montage financier précisant les sources de financement de ce chantier de sorte à permettre à tous les citoyens de bénéficier sur un pied d’égalité du droit à la couverture médicale, aux allocations familiales, à la retraite et à l’indemnité pour perte d’emploi.
Les intervenants ont également évoqué la problématique des disparités en matière de répartition géographique et humaine des cadres médicaux qui sont concentrés dans les grandes villes, soulignant que cette situation alourdit financièrement le fardeau de la population, voire contraint les familles démunies à stopper le traitement médical en raison de leurs faibles revenus.
Par ailleurs, un groupe d’acteurs politiques et de spécialistes ont souligné que la nature et la qualité des services qui seront fournis dans le cadre de ce chantier soulèvent de nombreuses interrogations, d’autant plus que le système de protection sociale du Royaume souffre de plusieurs dysfonctionnements en raison de la dispersion des programmes et de la diversité et de la multiplicité des intervenants.
Dr. Mazi : Les clés de réussite du déploiement de ce chantier sont “toujours absentes”
A cet égard, Dr. Fatima Kaîima Mazi, présidente du Pôle social au Forum Universitaire Haraki, a affirmé que le projet de généralisation de la protection sociale est un chantier Royal qui vise à assurer l’efficience des programmes de protection sociale, notamment en ce qui concerne le bénéfice des personnes éligibles du soutien social.
Dr. Mazi, qui a présenté un exposé sur « la démarche et le cadre référentiel du chantier », a souligné que les clés de réussite du déploiement de ce chantier sont toujours absentes compte tenu des conditions difficiles et déplorables du secteur de la santé.
Dr. Mazi a mis l’accent, par ailleurs, sur la nécessité d’accorder la priorité à la santé publique, aux personnels travaillant dans le secteur médical et hospitalier en termes de protection, d’équipement et de formation des personnels de santé, aux équipements médicaux et aux hôpitaux publics, à l’édification d’un système de santé qui s’appuie sur le secteur public comme pilier pour assurer la santé pour tous et mettre en place un système de santé national équitable et de bonne qualité, avec une gestion moderne et une bonne gouvernance et doté des ressources financières et logistiques adéquates et du nombre suffisant de compétences professionnelles médicales, paramédicales et techniques, et à l’encouragement de la recherche et au développement de nouveaux traitements et ce, en phase avec les changements technologiques modernes afin de limiter la détérioration de la santé, la propagation des maladies et l’aggravation des disparités et des inégalités qui conduisent à la privation de millions de citoyens de leur droit constitutionnel et humain à accéder aux traitements et aux médicaments.
Dr. Benboujida : Une série de contraintes ont été à l’origine de la détérioration du secteur de la santé
Dans le même contexte, Dr Ahmed Benboujida, président du Syndicat National des Médecins (secteur libre) a passé en revue une série de contraintes qui ont été à l’origine de la détérioration du secteur de la santé publique au Maroc et qui ont affecté sa qualité, ainsi que l’accès des citoyens aux hôpitaux et aux dispensaires publics, soulignant que la réussite de ce chantier historique demeure tributaire de l’intégration de modèles sociétaux en déterminant le niveau de solidarité approprié et le degré d’appui des citoyens, de nature à assurer la pérennité du système à travers l’élaboration d’une politique de prévention sanitaire.
M. Bekkali : Il n’y a pas de modèle idéal pour la conception des régimes de retraite
S’agissant de l’axe « Les régimes de retraite au Maroc : état des lieux et perspectives de réforme », M. Abdelali Bekkali, inspecteur au Département de la réforme de l’administration, a passé en revue l’état des lieux des régimes de retraite au Maroc, affirmant qu’« il n’y a pas de modèle idéal pour la conception des régimes de retraite, mais il y plutôt des normes générales qui doivent être adoptées comme objectifs, dont certaines sont d’ordre financier et d’autres sont liées à l’équité, à l’efficacité et à la couverture.
M. Bekkali a également évoqué certains dysfonctionnements dont souffre le système en raison de la corruption et de la mauvaise gestion, soulignant la nécessité de prendre des mesures d’urgence et d’engager des réformes radicales et globales pour réformer les quatre caisses de retraite.
La formulation de propositions pratiques qui contribueraient à l’élaboration d’une nouvelle vision du parti
Il convient de noter que cette rencontre a été organisée par la Commission des programmes et de la plateforme politique issue du Comité préparatoire du 14ème Congrès national du parti du Mouvement Populaire qui devrait se tenir fin novembre 2022, sous la supervision de Dr. Fatna Lekhiel, membre du Bureau politique du parti du Mouvement Populaire, coordinatrice de la Commission et ancienne Secrétaire d’Etat chargée de l’Habitat.
Cette rencontre, comme le précise un exposé de la coordinatrice de la Commission, a pour objectif l’échange des points de vue afin de formuler des propositions pratiques qui contribueraient à l’élaboration d’une nouvelle vision du parti qui répond aux exigences actuelles et ce, à travers des propositions collectives qui constitueraient la base d’une plateforme politique convaincante, attractive et porteuse d’idées qui pourraient être traduites en stratégies et incarner le slogan du parti « Le Mouvement Populaire est l’alternative ».