M. Sentissi met en garde le gouvernement contre la flambée des prix et l’inflation et l’appelle à promouvoir l’investissement productif et efficace pour l’homme et le territoire
Saliha Boujraf
M. Driss Sentissi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a mis en garde le gouvernement contre le monstre de la flambée des prix qui ravage désormais les poches des citoyens.
S’adressant au Chef du gouvernement, M. Sentissi a affirmé que « la crise de la flambée des prix élevés touche tout (..) qu’en est-il de la hausse des prix des hydrocarbures au sujet de laquelle vous êtes silencieux, tout en rejetant les alternatives que nous vous proposons ».
Commentant la réponse de M. Aziz Akhannouch lors de la séance plénière, tenu hier lundi et consacrée aux questions orales mensuelles adressées au Chef du gouvernement, le Président du Groupe Haraki a précisé que les jeunes et les citoyens d’aujourd’hui veulent voir des réalisations et non pas la destruction de leur pouvoir d’achat, veulent des investissements générateurs d’opportunités d’emplois et attendent des décisions, ajoutant que les citoyens ont attendu les nouveautés de la loi de finances, mais malheureusement, leurs espoirs ont été déçus, après que celle loi de finances a été porteuse de mesures qui enrichissent davantage les riches et appauvrissent encore plus les pauvres.
M. Sentissi a poursuivi en indiquant que le Groupe Haraki a soumis de nombreux amendements à la loi de finances, à la charte des investissements et à d’autres lois, mais ils n’ont pas été pris en considération.
S’adressant une fois de plus au Chef du gouvernement, M. Sentissi s’est interrogé « n’auriez-vous trouvé rien de pertinent dans ces amendements ? ».
D’autre part, le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants a mis en garde le gouvernement contre l’inflation qui dépasse aujourd’hui toutes les estimations et prévisions, s’interrogeant, à cet égard, au sujet des promesses du gouvernement de réduire l’inflation à 2% et affirmant « nous vous avions prévenu, mais vous avez fait la sourde oreille et vous continuer toujours à avancer des prétextes ». Il a indiqué, en outre, que relever le taux directeur ne tient pas compte du fait que l’inflation est importée.
Dans ce contexte, M. Sentissi s’est interrogé sur le degré de crédibilité des chiffres présentés par le gouvernement, qui contrastent avec la réalité et avec les chiffres rapportés par d’autres institutions.
S’agissant de l’investissement, M. Sentissi a interpellé le Chef du gouvernement au sujet de la nature de cet investissement et les catégories sociales ciblées, soulignant que l’investissement public n’a pas contribué à la réduction des disparités territoriales et n’a pas impacté la vie des citoyens et citoyennes, et indiquant que plusieurs régions demeurent à la marge de l’investissement et que seules deux ou trois régions s’accaparent plus de 80% de l’investissement.
M. Sentissi a également indiqué que l’investissement privé est encore faible, appelant à changer l’équation de manière à augmenter la quote-part de l’investissement privé à 65% au lieu des 35% actuellement, comme le confirme le rapport du nouveau modèle de développement.
Par ailleurs, M. Sentissi a souligné que le Maroc a besoin d’un investissement productif et efficace qui développe l’homme et le territoire, à travers ses principaux moteurs, à savoir la résolution de la problématique du foncier, la réforme de l’administration, la mise en œuvre la charte de la déconcentration administrative, la réforme du système bancaire, la résolution du problème de la liquidité et la sécurisation de l’avenir du dirham, appelant à la réforme du système fiscal au lieu de poursuivre la politique des amendements partiels intégrés dans la loi de finances.
Dans ce sens, M. Sentissi a affirmé que l’investisseur veut la stabilité fiscale, la lutte contre la corruption et la rente économique, la promotion des petites et moyennes entreprises qui constituent 95% du tissu entrepreneurial au Royaume, la focalisation sur les politiques publiques dans le domaine de l’emploi et l’amélioration du climat des affaires, non pas via des programmes comme « Awrach » ou « Forsa » et encore moins via l’encouragement de l’immigration de la main-d’œuvre vers les exploitations et les champs agricoles de l’Europe, mais plutôt en optant pour une régionalisation avancée, en orientant les investissements vers des territoires défavorisés au lieu de les concentrer dans des territoires déjà bien servis, en définissant les taux de la taxe sur la valeur ajoutée, de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur les revenus en fonction du critère territorial, et en augmentant le budget consacré à la recherche scientifique.
M. Sentissi s’est interrogé sur le problème du guichet unique, qui est toujours absent malgré l’existence des Centres régionaux d’investissement (CRI), affirmant « sachant que le guichet unique n’est pas seulement une institution, mais une philosophie de traitement simplifié et rapide des dossiers d’investissement » et soulignant que le statut d’auto-entrepreneur que certains voyaient comme une bénédiction, s’est avéré être une malédiction.
M. Sentissi a conclu son intervention en s’interrogeant sur le stock stratégique de denrées alimentaires et de produits énergétiques, le positionnement de la communauté marocaine à l’étranger, l’encouragement des investissements et des initiatives privées, la simplification et la digitalisation des procédures, la facilitation de l’accès au foncier, le soutien financier des porteurs de projets, le renforcement des règles de la concurrence loyale, l’activation des mécanismes d’arbitrage et de médiation pour résoudre les différends dans ce domaine et l’encouragement du le secteur privé à investir.
M. Sentissi s’est également interrogé sur les promesses gouvernementales et électorales dont une grande partie s’est évaporée et l’autre partie est tombée dans l’oubli, appelant le gouvernement à avoir la capacité d’accompagner la logique de l’Etat, fondatrice du Maroc de la continuité, loin de la rupture chimérique.