Ouzzine met en garde contre le spectre de la soif pouvant conduire à une « guerre hydrique »

Saliha Boujraf

Mohamed Ouzzine, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a mis en garde, jeudi dernier à Salé, contre la situation hydrique préoccupante dans le Royaume qui pourrait conduire à une guerre hydrique, soulignant l’importance de l’eau qui est indispensable et affirmant, à cet égard, que « de nombreuses zones sont menacées par le spectre de la soif, à l’image de ce que vit la ville de Marrakech en plein mois de Ramadan, ce qui est un indicateur sérieux de la gravité du stress hydrique que connaît le Maroc ».

Dans une allocution d’orientation lors du séminaire organisé par le parti du Mouvement Populaire sous le thème « La crise hydrique au Maroc : entre les politiques, les défis et la nécessité de durabilité », à la veille de la célébration de la Journée Mondiale de l’Eau qui coïncide avec le 22 mars de chaque année, M. Ouzzine a souligné que le véritable défi à relever consiste à accélérer la prise de mesures et d’actions et à ne pas se contenter d’adopter l’attitude du spectateur et d’attendre les miracles du ciel, car le ciel ne pleut pas toujours de l’or, de l’argent, de la nourriture et de l’eau.

Par ailleurs, le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a affirmé qu’il y a un véritable gaspillage non pas seulement du temps politique et du temps de développement, mais également un gaspillage du droit de l’Homme à la vie qui ne saurait être garanti sans l’eau.

Ouzzine a souligné que les politiques officielles ignorent cruellement la gestion de la demande en eau, à travers l’encouragement d’une meilleure utilisation des ressources en eau disponibles grâce à une gestion économique et efficace, avant toute réflexion sur l’augmentation de l’offre, rappelant que le climat du Royaume est semi-aride et que s’appuyer sur les précipitations ne constitue pas une bonne solution.

Le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a noté que les années de sécheresse successives ont eu un grand impact sur les réserves en eau d’un grand nombre de barrages au Maroc, qui sont de la plus haute importance en terme d’approvisionnement en eau, ce qui nécessite une adaptation à cette situation et un changement de vision pour préserver la souveraineté alimentaire comme élément fondamental des politiques agricoles du Royaume, comme l’avait affirmé Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours d’ouverture de la session parlementaire (octobre 2021), appelant à l’importance de la révision du plan agricole « Generation Green », qui est la principale cause de la pénurie d’eau et de l’épuisement de la nappe phréatique.

D’autre part, les interventions d’experts et de spécialistes dans le domaine de l’eau, à savoir notamment Mme Charafate Afilal, ancienne ministre et experte internationale dans le secteur de l’eau, M. Mohamed Taher Sraïri, responsable des programmes de développement agricole et de la recherche scientifique et expert dans le domaine agricole et le secteur de l’eau, et M. Youssef Guerraoui Filali, économiste et chercheur dans le domaine de l’eau, ont été unanimes à souligner que la politique des barrages adoptée par le Maroc dans les années 60 du siècle dernier a prouvé son efficacité, ayant réussi, dans une certaine mesure, à garantir l’approvisionnement en eau potable, mais elle commence aujourd’hui à atteindre ses limites.

Les intervenants lors de cette rencontre, à laquelle ont pris part des leaders partisans, notamment de l’opposition, ont souligné que la crise hydrique était prévisible, notant la mauvaise gouvernance en matière de répartition des ressources en eau et l’absence de coordination s’agissant de l’utilisation de ces ressources, appelant à l’importance d’une plus grande activation du rôle de la Police de l’eau et à sa dotation des cadres nécessaires pour lutter contre l’exploitation anarchique et excessive des eaux souterraines.