Commentant la réponse du Chef du gouvernement à la Chambre des Représentants :
M. Ouzzine qualifie le bilan du travail gouvernemental durant les 100 premiers jours de “honteux” et rappelle que “majorité ne signifie pas hégémonie”
Il s’est interrogé si le gouvernement a une culture politique avant de parler de politique culturelle
Saliha Boujraf
M. Mohamed Ouzzine, membre du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a qualifié de “honteux” le bilan du travail gouvernemental durant ses premiers 100 jours, affirmant, à cet égard, « malheureusement, le gouvernement dispose de tout sauf de la politique ».
Commentant la réponse du Chef du gouvernement à une question centrale sur « le rayonnement culturel national et le soutien aux économies culturelles » lors de la séance mensuelle des questions orales, lundi à la Chambre des Représentants, M. Ouzzine, qui est également 4ème Vice-président de la Chambre des Représentants, a estimé que l’intervention du Chef du gouvernement n’était qu’une dissertation, une déclaration d’intention et un inventaire de réalisations antérieures », s’interrogeant si le gouvernement a une culture politique avant de parler de politique culturelle.
S’adressant au Chef du gouvernement, M. Ouzzine a affirmé « votre intervention, Monsieur le Chef du gouvernement, n’est qu’une dissertation, une déclaration d’intentions, un rappel de réalisations antérieures à mettre à l’actif d’initiatives royales et un inventaire des musées. Les Marocains veulent visiter les musées et non pas y habiter, parce qu’il y a ceux qui vivent la vie et visitent les musées, et il y a ceux qui visitent la vie et vivent dans les musées ».
La député parlementaire haraki a ajouté, par ailleurs, « j’aurais aimé débattre avec vous de la question de la politique culturelle. Mais, au vu de la coïncidence avec l’hérésie des 100 premiers jours du gouvernement, il s’est avéré que la question qui mérite d’être débattue consiste à s’interroger si le gouvernement a une culture politique avant de parler s’il dispose d’une politique culturelle ».
M. Ouzzine a poursuivi « après 100 jours, s’est avéré que le gouvernement disposait de tout, sauf qu’il n’était pas un gouvernement politique », notant que sa composition tripartite, un précédent dans l’histoire des gouvernements marocains, avec une large majorité numérique qui domine du centre jusqu’à la plus simple commune rurale, confirmant ainsi le fameux slogan “Le Maroc est à nous et non aux autres ».
M. Ouzzine s’est étonné « étrangement, vous êtes passé de la vitesse de la lumière qui a marqué la formation du gouvernement, l’obtention de l’investiture et le vote de la loi de finance, au rythme de progression de la tortue ».
Le dirigeant haraki a poursuivi « vous vous êtes accalmis dès que vous avez accédez aux postes de responsabilité. Les chiffres ont été gonflés par des conventions et vous ne vous êtes pas contentés de cela, mais vous avez commencé à retirer des projets de lois. En tant qu’opposition, nous avons présenté plus de 20 propositions de lois, mais qui n’ont pas vu et ne verront pas le jour car la majorité est hégémonique. Rappelez-vous simplement, comme l’avait dit feu Mahjoubi Aherdane : ‘‘La majorité ne signifie pas hégémonie ».
Par ailleurs, M. Ouzzine n’a pas manqué d’exprimer son étonnement de l’obstination de M. Akhannouch a répéter à chaque fois que le gouvernement actuel tire sa légitimité des urnes, affirmant « comme si les gouvernements précédents n’avaient pas la même légitimité des urnes » et ajoutant que « ces déclarations, malheureusement, ont fait que certains membres du gouvernement sont devenus paranoïaques, à l’image d’un ministre qui a déclaré qu’il vient du futur, comme s’il n’avait ni passé ni présent, et qu’il est issu de la modernité, feignant d’ignorer que la modernité existait depuis des siècles , et d’un autre ministre qui avait insulté l’identité marocaine en indiquant que la langue amazighe était la langue de la raclette. Malheureusement, il avait affirmé « nous allons construire des tribunaux et ils ne seront pas comme les stades qui avaient été submergés par les eaux pluviales. Toutefois, aucun tribunal n’a été construit au Maroc et nous sommes submergés en l’absence de pluies et de raclette ».
M. Ouzzine a poursuivi « Certains ont affirmé qu’ils sont venus pour réformer la pensée wahhabite. De grâce, réformez juste les erreurs de la pensée Ouahbite ».
M. Ouzzine, qui a mis en garde le Chef du gouvernement des répercussions de la suppression de 4 noyaux universitaires qui auraient assuré l’égalité des chances entre les Marocains, a affirmé, à cet égard, « je ne sais pas si vous avez lu les articles de presse qui parlent de la suppression de 4 noyaux universitaires, dont l’un prévu à Midelt a bénéficié du foncier que vous lui avez accordé Monsieur le Chef du gouvernement. Ma crainte pour mon pays qu’il sorte d’une épidémie sanitaire pour s’engager dans une « épidémie politique ».
Le 4ème Vice-président de la Chambre des Représentants a également critiqué le manque d’harmonie du gouvernement en affirmant « comment pourrez-vous parler de l’harmonie du gouvernement, alors que le bureau politique d’un parti de la majorité gouvernementale appelle à l’ouverture de l’espace aérien pour les vols à destination et en provenance du Royaume, comme s’il n’était pas concerné par les décisions du gouvernement ».
Le dirigeant haraki a également critiqué les décisions improvisées et hâtives du gouvernement dans les différents domaines, affirmant « en référence à la question de la culture, il est à souligner que la réussite de tout modèle de développement est tributaire de la préservation de la diversité culturelle, de la bonne gestion de la question amazighe et de l’attention portée aux langues Hassanie et hébreu. Le gouvernement n’a jusqu’à présent rien fait en matière même d’officialisation de la langue arabe, car nous recevons toujours des factures d’eau et d’électricité rédigées en français ».