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Dans l’intervention de M. Addi Sbaîi sur le thème « la question amazighe, entre le militantisme et les perspectives d’intégration »

M. Addi Sbaîi, membre du Bureau politique du Mouvement Populaire et chercheur dans le domaine de la culture amazighe, a mis l’accent sur la nécessité d’évaluer le parcours historique du militantisme amazigh en vue d’identifier les acquis réalisés et prospecter les perspectives d’intégration positive de cette composante identitaire dans les différentes sphères de la vie publique. 

Dans son intervention sur le thème « la question amazighe, entre le militantisme et les perspectives d’intégration », M. Sbaîi s’est interrogé sur les raisons du chancellement de la renaissance amazighe dans ses dimensions intellectuelle et politique, ainsi que sur les causes à l’origine de l’échec stratégique à élaborer une politique amazighe publique.

Passant en revue le parcours historique de la question amazighe, depuis les prémices de la prise de conscience classique de cette question à l’aube de l’indépendance, M. Sbaîi a affirmé que le Mouvement Populaire a été à la base de l’émergence d’une conscience amazighe, au moment où les orientations idéologiques importées avaient prédominé chez les élites. 

M. Sbaîi a indiqué que la pensée harakie, étant profondément liée à l’identité authentique marocaine, a fait de la défense de l’amazigh l’une de ses références essentielles, soulignant que cette prise de conscience s’est cristallisée sous une forme associative, initiée dans les années 60 et poursuivie jusqu’au début des années 80 du siècle dernier, constituant ainsi un bond qualitatif dans le processus de promotion de l’amazigh et ce, en relation avec une vague de droits de l’Homme qui a prévalu dans notre pays.

M. Sbaîi a ajouté que la question amazighe a mué de sa dimension civilisationnelle à une dimension culturelle, avant de s’ouvrir sur un horizon politique dans les années 90 du siècle dernier. A cet égard, M. Sbaîi a évoqué deux étapes principales, à savoir «  la Charte d’Agadir de 1990 » et la dégradation de la coordination nationale au milieu des années 90, ainsi que la naissance troublée du Congrès Mondial Amazigh, en soulignant que ces aspects institutionnels et organisationnelles ont semé les graines de la discorde et des désunions, impactant ainsi négativement la dimension fonctionnelle de l’amazigh. 

L’intervenant s’est interrogé, par ailleurs, sur les raisons à l’origine de la non-expansion de l’organisation du mouvement amazigh et de son incapacité à influencer et se transformer en une dynamique sociale à laquelle adhère l’ensemble des citoyens. 

Le membre du Bureau politique du Mouvement Populaire a critiqué les différentes approches qui ont accompagné le militantisme amazigh, notamment les positions gouvernementales, partisanes, associatives, académiques et estudiantines, relevant la prééminence de la dimension organisationnelle sur la dimension stratégique. 

M. Sbaîi a évoqué également deux étapes essentielles, à savoir le Mémorandum Amazigh supervisé en 2000 par M. Mohamed Chafiq, s’interrogeant sur les le sort des 9 revendications qui en ont constitué la quintescence, ainsi que le Discours Royal historiques d’Ajdir en 2001, qui a constitué un tournant décisif et un saut qualitatif pour la question amazighe, qui l’a fait passer de la phase du militantisme protestataire à la phase de la gestion des acquis et de l’ouverture sur les perspectives d’intégration de l’amazigh dans les domaines de l’éducation, des médias et d’autres domaines.

Soulignant l’importance de cette dernière phase et la nécessité d’interagir avec elle avec une nouvelle prise de conscience qui considère l’amazigh comme étant la pierre angulaire qui ancre davantage le projet sociétal démocratique et de développement, M. Sbaîi a affirmé que la charge symbolique et sociétale de la transition de 2001 a relevé la question amazighe à la phase du débat public institutionnel, qui a couronnée par la naissance de l’Institut Royal de la Culture Amazighe, l’intégration de la langue amazighe dans l’école publique et l’élargissement de la sphère d’intégration dans l’espace médiatique public grâce à la naissance de la chaîne de télévision « Tamazight ».

M. Sbaîi a affirmé que la dernière décennie a été porteuse de nouveaux acquis, qui exigent des acteurs impliqués sur différents fronts à œuvrer à leur préservation, consécration et élargissement, afin que l’amazigh occupe la place de choix qu’il mérite  dans le processus démocratique et de développement que connaît le Maroc, soulignant que l’amazigh ne saurait être que dans l’intérêt du pays et de son avenir, eu égard à sa capacité d’implication des différentes potentialités dans les processus politique et de développement escomptés.

Il est à signaler que les différentes interventions ont porté sur une analyse historique du militantisme amazigh, ainsi que sur la critique du rôle du Mouvement Populaire dans la défense de la question amazighe et le degré de sa présence en tant que référence pour la pensée harakie et l’action politique harakie.

Ces aspects ont été réexaminés par le conférencier qui a fourni des éclaircissements à leur sujet, soulignant que la primauté du Mouvement Populaire s’agissant de la défense de la question amazighe, n’a certes pas revêtu une vision stratégique, mais a surtout jeté les bases de l’émergence d’une prise de conscience civique et associative de cette question et de son importance.

D’autre part, M. Sbaîi s’est interrogé sur les raisons à l’origine de la réticence des élites impliquées dans des actions de militantisme à adhérer et à interagir avec la conviction harakie relevant la nécessité de réhabiliter l’amazigh, que le conférencier a identifié dans son patrimoine historique et dans les différentes positions et phases lors desquelles le Mouvement Populaire a déployé des efforts tout au long d’un demi-siècle pour réhabiliter l’amazigh, que ce soit au sein des institutions, dans les médias amazighs ou au niveau du mouvement associatif, qui a bénéficié du soutien des cadres et des militants harakis tant au niveau national qu’international.

M. Sbaîi a souligné la nécessité d’innover de nouveaux outils d’organisation qui permettraient de fédérer les différents efforts déployés par des acteurs politiques, associatifs, académiques et médiatiques en vue de la promotion de l’amazigh (langue, culture et identité) au niveau des différentes sphères de la vie publique, tout en veillant à lui assurer une protection juridique dans le cadre des mutations que connaît le Maroc. M. Sbaîi a souligné, en outre, la nécessité d’appréhender la question amazighe comme une responsabilité nationale qui intéresse tous les Marocains.

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