الأخبار

M. Mohand Laenser dans une interview avec l’hebdomadaire « La Vie Economique » :- Il est temps de passer de la phase de transition démocratique à la normalisation effective avec la démocratie- Le mode de scrutin adopté et les lois actuelles ne permettent pas de nouer de véritables alliances politiques

M. Mohand Laenser, Secrétaire Général du Mouvement Populaire, a accordé à l’hebdomadaire «La Vie Economique » une longue interview, où il a bordé les questions liées à la situation au sein du Mouvement Populaire, à la participation au gouvernement, aux alliances et à la défense de la langue et de la culture amazighes en tant que composantes essentielles de l’identité marocaine. M. Laenser a également souligné la nécessité de promouvoir le développement du monde rural.

En début d’entretien, M. Mohand Laenser a précisé que le Mouvement Populaire n’a pas été satisfait de l’offre qui lui a été faite en 2007 pour participer au gouvernement, qu’il a d’ailleurs rejetée car elle n’était pas proportionnelle à son degré de représentation au sein du Parlement et à son poids politique.

M. Laenser a souligné qu’en 2009, le Mouvement Populaire a été sollicité une fois de plus pour participer au gouvernement après un « accident de parcours » de ce dernier qui a perdu sa majorité, indiquant qu’après examen de la question de la participation ou non par les instances du Parti et partant du souci de servir l’intérêt général et de faire éviter au pays les répercussions d’une crise politique, le Mouvement Populaire avait pris la décision de participer au gouvernement.

M. Mohand Laenser a considéré que cette décision était pertinente, puisqu’elle a permis au Parti de défendre ses priorités dans le cadre de la politique gouvernementale, soulignant à cet égard le rôle qu’il joue personnellement au sein de la commission gouvernementale chargée d’élaborer une vision intégrée du développement rural, qui identifie, depuis près de deux ans, les investissements qui sont consacrés au développement du monde rural dans le cadre du budget général et ce, en application des Hautes Orientations Royales émises dans ce sens. A cela s’ajoute, a affirmé M. Laenser, le souci d’activer les engagements du gouvernement en ce qui concerne l’amazighité et la traduction concrète du contenu du Discours Royal d’Ajdir.

M. Mohand Laenser a ajouté que le rejet du Mouvement Populaire de participer au gouvernement en 2007 a été motivé par la nécessité de défendre le Parti, et que son adhésion au gouvernement en 2009 a été dicté par l’impératif de servir l’intérêt général, soulignant à cet effet que « le sens de l’intérêt général serait beaucoup plus aigu chez le Mouvement Populaire que chez d’autres formations politiques ».

M. Laenser a affirmé que le Mouvement Populaire n’est pas un parti « bouche-trou », indiquant que la situation politique traverse une phase transitoire où il serait difficile de classifier tel ou tel autre parti et qu’il est temps de passer de cette phase à la normalisation effective avec la démocratie, afin d’accéder à une situation plus sereine où les critères de classification seront définies, démocratiques et connus de tout le monde et ajoutant que le poids véritable des partis est défini par les élections.

Concernant les derniers évènements qu’a connus la ville de Laâyoune, M. Mohand Laenser a réaffirmé que le Mouvement Populaire a été le premier à réagir et exprimer sa position par rapport à ces évènements, soulignant toutefois que les communiqués et les prises de positions du Parti ont été ignorés par l’agence Maghreb Arabe Presse (MAP) et les autres médias, et que le Parti fait sienne une politique responsable, à l’opposé des déclarations tonitruantes et des faux duels qui mènent à de grosses erreurs que le pays paie trop cher.

S’agissant de la question du nomadisme politique, le Secrétaire Général, M. Mohand Laenser, a affirmé que ce phénomène affecte la réputation de l’institution législative, à telle enseigne que près de 45% des parlementaires ont changé au moins une fois de couleur politique.

M. Laenser a rappelé, dans ce sens, la proposition faite par le Mouvement Populaire depuis dix ans d’annuler le mandat des parlementaires transhumants, ajoutant que cette proposition n’a pas été prise en compte au moment où elle a été adoptée par certains pays qui ont réussi ainsi à rationaliser leur paysage politique.

Au volet des alliances politiques, M. Mohand Laenser a indiqué que le Mouvement Populaire entretient un dialogue continu à ce sujet avec le Parti Authenticité et Modernité (PAM), le Rassemblement National des Indépendants (RNI) et l’Union Constitutionnelle.

M. Laenser a estimé cependant que les lois actuelles et le mode de scrutin en vigueur ne contribuent pas à l’émergence de véritables alliances, précisant que l’alliance ne signifie pas de se regrouper après les élections pour former une majorité ou une opposition, mais que l’alliance se construit stratégiquement sur le long terme et que les engagements sont pris avant les élections, ce qui ne peut être réalisé dans le contexte juridique actuel.

S’agissant de la situation interne du Mouvement Populaire, M. Mohand Laenser a souligné que le Parti a élu ses instances dirigeantes lors du 11e Congrès National, que le Bureau Politique fonctionne de manière régulière et que le Conseil National a tenu sa deuxième session dans les délais réglementaires.

M. Laenser a indiqué que la première séance de cette session a été entièrement consacrée aux derniers événements de Laâyoune et que la deuxième séance va être tenue dans quelques semaines pour traiter des questions ordinaires du parti, à savoir notamment l’élection de la Commission de Discipline et de la Commission de Contrôle des finances du Parti et la ratification règlement intérieur du Parti.

Concernant la restructuration des instances locales du Parti, M. Mohand Laenser a indiqué que la nouvelle méthodologie adoptée par le dernier congrès national du Parti vise à passer d’un parti de personnes à un parti institutionnel, soulignant que le Parti s’est donné ainsi le temps suffisant pour édifier des bases solides et fortes au niveau des régions, en partant d’un recensement et d’un réenregistrement des militants harakis, dans la perspective de lancer, dans les prochaines semaines, l’opération de réorganisation des instances du Parti au niveau des provinces et régions, aussitôt après la tenue de la session du Conseil National de janvier 2011.

S’agissant de l’enseignement de la langue amazighe, M. Mohand Laenser a affirmé que le dossier d’enseignement de la langue amazighe est très complexe, soulignant que ce dossier doit être traité sous plusieurs angles, dont le premier est de poursuivre la mise en œuvre des engagements du gouvernement pour qu’il n’y ait pas de retour en arrière. M. Laenser a précisé à cet effet qu’il s’agit essentiellement des engagements fondamentaux pris après le Discours Royal d’Ajdir en 2001, dont la mise en application demeure très importante.

M. Laenser a indiqué que des rumeurs parlent de la révision de ces engagements, soulignant que cette révision n’est pas d’actualité et qu’elle est infondée. Dans ce sens, M. Laenser a rappelé que le Ministère de l’Education Nationale a précisé qu’il n’est pas question de revenir sur ses engagements, mais qu’il ne dispose pas d’assez de ressources humaines.

M. Laenser a ajouté que, sur ce point, le ministère n’est pas le seul à intervenir et que l’Institut Royal pour la Culture Amazighe (IRCAM) est concerné également, affirmant qu’il semble qu’un retard ait été accusé au niveau de la formation des enseignants et de la conception des outils pédagogiques et logistiques. M. Laenser a indiqué que cette question est en cours d’examen aussi bien au sein du gouvernement qu’avec l’IRCAM.

M. Laenser a estimé qu’il faudrait faire la part des choses entre le maintien de l’engagement et la progression raisonnable, d’un côté, et la demande pressante de ceux qui veulent qu’on aille plus vite, de l’autre côté, indiquant qu’il est vrai qu’il y a des limites quand on introduit une langue nouvelle avec un alphabet nouveau dans tous les cycles de l’enseignement, ce qui rend difficile la réalisation des objectifs dans un délai très court.

Par ailleurs, M. Laenser a rappelé que le Mouvement Populaire a organisé deux universités populaire sur le thème de l’amazighité : la première session a été organisée alors que le Parti était dans l’opposition et la seconde après que le Parti a rejoint le gouvernement. M. Laenser a indiqué que l’Université Populaire se veut un forum d’écoute et d’échange de points de vue entre tous ceux qui s’intéressent à la question amazighe, soulignant que les extrémismes des deux côtés devraient être évités.

D’autre part, M. Mohand Laenser a nié que le Mouvement Populaire soit porteur d’une identité amazighe exclusive, rappelant que la loi interdit les partis ethniques et soulignant que le Mouvement Populaire est un parti à vocation nationale qui a fait, depuis sa fondation en 1958, de la défense de la culture et la langue amazighes en tant que composantes essentielles de l’identité marocaine et de la défense du monde rural, ses principaux axes d’action. A cet égard, M. Laenser a affirmé que ces questions feraient partie peut être du plan d’action d’autres partis, mais ce sont les priorités qui diffèrent.

De plus, M. Laenser a précisé que contrairement à ce que certains pensent, le Mouvement Populaire compte dans ses rangs des militants et des élus arabophones plus qu’il n’en compte d’amazighophones, soulignant que le Parti demeure ouvert à toutes les catégories et les souches sociales du peuple marocain.

مقالات ذات صلة

زر الذهاب إلى الأعلى