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M. Mohamed Ouzzine, dans un entretien avec « Ashark Al-Awsat » :- Les libertés et le pluralisme politique revendiqués par d’autres peuples ont été réalisés au Maroc depuis des années- La Légitimité de l’Etat n’est pas contestée par les diverses couches du pays

M. Mohamed Ouzzine, Secrétaire d’Etat marocain aux Affaires Etrangères, a affirmé que « le monde établit désormais une distinction entre ce qu’on pourrait appeler les étapes pré et post-Tunisie », en référence au soulèvement du peuple tunisien, indiquant que « l’après Tunisie, nous incite, ici au Maroc, à évaluer ce que nous avons réalisé ».

Dans un entretien avec « Ashark Al-Awssat », réalisé à Rabat, M. Ouzzine a affirmé, en commentant les événements qu’enregistre la région, « ce que d’autres peuples revendiquent aujourd’hui a été réalisé au Maroc et ce, depuis des années, à savoir l’abrogation du système du parti unique, l’institution du pluralisme politique et syndical, des libertés publiques et du droit de manifester ».

M. Ouzzine a ajouté, dans cet entretien réalisé avant la tenue des manifestations prévues le dimanche 20 février dans certaines villes marocaines, « notre problème au Maroc réside dans la défaillance des médiateurs dans leur sens le plus large, que ce soient le gouvernement, l’institution législative, les partis, les collectivités locales, les syndicats, les organisations de la société civile et les médias ».

Abordant les relations maroco-algérienne, M. Ouzzine a exprimé son étonnement à l’égard de « la position des dirigeants algériens, qui persistent à renier les liens qui unissent les deux peuples frères », ajoutant que « la fermeture de la frontière entre les deux pays affecte non seulement l’intégration économique, mais constitue également un déni de la dimension humaine, principale victime de cette situation ». M. Ouzzine a affirmé que l’Algérie ne sait pas précisément la solution qu’elle souhaiterait au problème du Sahara. Ci-après le texte intégral de l’entretien :

Pensez-vous que le Maroc est à l’abri de la contagion des protestations populaires, après ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte?

Nous sommes aujourd’hui, du fait des changements que connait le monde, devant des volontés populaires qui aspirent plus que jamais à davantage de liberté, d’équité, d’égalité des chances, de lutte contre la corruption, de non-soumission aveugle aux caprices des dinosaures de la vie politique, et d’omission des véritables préoccupations des couches populaires.

Du fait de ces facteurs, nous vivons désormais ce qu’on pourrait appeler « la mondialisation du soulèvement »ou « la mondialisation de la revendication de la liberté », et le monde entier, et non seulement le monde arabe, établit désormais la distinction entre les étapes pré- et post-Tunisie. Nous avons suivi directement que ce qui s’est passé en Tunisie s’est reproduit, avec un scénario similaire, en Egypte, et nous avons suivi comment plus d’une région ou d’un pays dans le monde, y compris les Etats européens, ont réagi. Des manifestations se sont déclenchées en Serbie pour revendiquer la tenue d’élections anticipées. Nous avons suivi également comment se sont unifiées les force de l’opposition en Roumanie pour faire pression sur le gouvernement. Nous avons suivi aussi ce qui se passe en Italie, où la société civile et les intellectuels se sont mobilisés pour revendiquer le droit de rêver d’une Italie propre. Nous avons suivi ce qui s’est passé au Bangladesh, au Sri Lanka, au Gabon, en Algérie, au Yémen, en Jordanie et dans d’autres pays.

L’objectif des revendications exprimées par les manifestants ne s’écartent pas du cadre de l’aspiration à une vie digne, à davantage de transparence et à la garantie des droits fondamentaux. Ces revendications ont été associées, dans plusieurs pays, à la volonté de déloger et de renverser les régimes dirigeants. Ainsi, les réactions ont été différentes en fonction du niveau de sensibilité des dirigeants aux revendications des peuples, des réalisations de ces dirigeants et de la contribution de ces réalisations à résoudre les problèmes et à les surmonter et à inhiber la colère de la rue.

S’agissant du cas du Maroc, en comparaison avec ce qu’enregistre la scène régionale et internationale, je crois, en toute honnêteté, que la légitimité de l’Etat n’est pas contestée par les différents couches du peuple marocain, mais cette légitimité ne devrait pas nous faire oublier que l’étape post-Tunisie nous interpelle tous – partis politiques, organisations de la société civile, et la société dans son ensemble – pour que nus procédions ensemble à une évaluation de nos réalisations au cours de la dernière décennie. Nous sommes en droit, en toute honnêteté, d’être fiers de ces réalisations. Mais, nous devons en même temps œuvrer à anticiper la prochaine décennie, avec un rythme plus rapide et avec davantage d’efficacité.

Comment sera réalisé cet exercice de prospective ?

En mettant en place une vision claire de plusieurs réformes audacieuses, qui visent principalement à accélérer le rythme des réformes constitutionnelles, politiques, économiques, sociales et culturelles du pays, sachant que les réformes politiques constituent l’épine dorsale de toute orientation réformiste stratégique. Si nous observons la scène politique chez nous, nous relevons qu’il y a confusion. L’ambigüité entre le multipartisme et la multiplication des partis nous a laissé prisonniers de la légitimité du principe et non de la pratique.

La phase de transition est devenue la règle. Des phénomènes partisans malsains sont nourris par un opportunisme politique et une grande confusion au sein de la majorité, dont la recherche d’une harmonie perdue lui a fait oublier de chercher des solutions aux véritables problèmes des citoyens. L’opposition, à une seule exception, ne représente pas une véritable opposition, ne soutient pas la majorité et n’est non plus pas neutre. Nous ne pouvons pas également taire les attaques et les joutes oratoires entre des partis nationaux qui partagent la même légitimité, le même sens de fierté nationaliste et le même niveau de citoyenneté. Ce qui les a poussés à s’intéresser à des aspects superficiels au lieu de la quintessence, au sens où ces partis sont en face de questions majeures qui nécessitent d’eux de faire preuve de créativité, d’être mobilisés et de veiller à l’encadrement de la société.  Les défis extérieurs exigent de nous tous d’unir nos rangs et nos positions pour affronter nos véritables adversaires et ennemis qui veulent attenter à la sécurité de notre pays.

Ce sont les réformes politiques fondamentales qui s’imposent aujourd’hui et qui nous doivent nous interpeller pour réfléchir de manière approfondie sur les moyens et les mécanismes à même de les traduire sur le terrain, si nous partageons effectivement la même volonté de consolider la légitimité de l’Etat.

Je pense que notre problème aujourd’hui au Maroc réside dans la défaillance des médiateurs entre l’Etat et la société ; lesquels médiateurs englobent, dans leur acception large, le gouvernement, les institutions législatives, les partis politiques, les collectivités locales, les syndicats, la société civile et les média. Lorsque ces mécanismes de médiation ne jouent pas pleinement leur rôle, ils ouvrent la voie au clash de l’Etat avec la société. De même, lorsque ces médiateurs s’affaiblissent, la rue lance des messages ouverts sur toutes les possibilités. Et c’est là où réside le danger.

Observons ce qui se passe en Egypte. Il y a une révolution qui n’est pas encadrée par des méditaurs. La véritable problématique réside ici dans le fait de ne pas savoir avec qui négocier?

Au Maroc, nous avons une monarchie qui prend des initiatives et qui dispose d’un projet sociétal. Ce qui a fait revêtir au Maroc une spécificité distinctive. En effet, ce que d’autres peuples revendiquent aujourd’hui a été réalisé au Maroc depuis des années, à savoir notamment l’abrogation du système du parti unique, l’institution du pluralisme politique et syndical, des libertés publiques et du droit au rassemblement (manifestations).

Il s’avère donc que nous disposons au Maroc d’un bastion des libertés publiques et ce, depuis des années. Nous pouvons dire que la pratique est entachée d’un dysfonctionnement, mais le choix stratégiques a été tranché. C’est ce qui a été consacré lors de la dernière décennie. Ce qui nous différencie, par exemple, des sociétés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient c’est l’expérience de l’alternance politique qui a eu lieu au Maroc depuis 1998, il y a de-là 14 ans.

En relation toujours avec la spécificité du Maroc, nous avons réussi, tout au long de 50 ans, à reconvertir la lutte sur les institutions à une lutte au sein des institutions, de sorte que la lutte unique et possible aujourd’hui est celle autorisée au sein des institutions. On peut être d’accord, comme on peut ne pas l’être, mais on ne peut pas être en désaccord sur l’audace dont a fait preuve le Maroc pour relire ses pages du passé, car nous avons relu notre histoire avec clarté et nous avons reconnu l’existence de violations des droits de l’Homme, qui ont été d’ailleurs réparées avec sagesse. Le domaine des droits de l’Homme a connu une révolution et ce, sous une conduite royale. Ensuite, nous avons élaboré des documents importants, tels « les recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation » et «  Le Rapport du Cinquantenaire » qui nous permet également d’anticiper les 50 prochaines années. Le Maroc a pu ainsi se hisser au rang des pays développés.

Par ailleurs, aux côtés des grands projets, de petits projets ont été lancés, tels « l’Initiative nationale pour le développement humain », dans lesquels nous n’avons pas peut être pu atteindre la perfection, mais nous persévérons dans notre marche sur la voie de la réforme de la situation. La langue amazighe a enregistré une transition culturelle. Le projet de régionalisation représente aussi une option stratégique qui vise à la redistribution des richesses et du pouvoir au niveau des régions, c’est-à-dire à assurer un équilibre régional, territorial et social entre les régions. De même, la Constitution a été amendée à cinq reprises. Aujourd’hui, nous agissons au dessus du seuil autorisé par la Constitution. Nous n’éprouverons aucun complexe à initier un nouvel amendement, parce que nous croyons tout simplement que l’amendement constitutionnel ne constitue pas un but en soi, mais un mécanisme visant à consolider les réformes.

Ce que je voudrais souligner ici, c’est que notre approche est saine et que nous avançons dans la bonne direction. Il peut y avoir des problèmes dans la mise en œuvre des médias, dont la responsabilité incombe aux mécanismes de médiation. C’est ce qui nous amène aujourd’hui à consolider les réformes profondes et à les accélérer. Aujourd’hui, notre spécificité réside dans le fait que nous disposons d’une monarchie entreprenante, mais qui a besoin de médiateurs plus forts et plus efficaces. Le meilleur commentaire qui peut-être évoqué à cet effet est ce qu’a déclaré l’un de nos voisins quand il a dit : « au Maroc, existe une monarchie qui œuvre pour la démocratie, et dans notre pays, existe une république qui tend vers la monarchie ».

A l’ère des groupements, l’Union du Maghreb Arabe traine encore, et la frontière maroco-algérienne est toujours fermée. Y-a-t-il un moyen pour surmonter cette situation ?

Tout d’abord, il faudrait exprimer notre grand étonnement à l’égard de cette position injustifiée et incompréhensible de nos frères algériens, qui persistent à renier les liens qui unissent les deux peuples frères. La fermeture de la frontière affecte, non seulement l’intégration économique des deux pays, mais constitue surtout un déni de la dimension humaine, principale victime de cet état de fait. Les familles algériennes, autant que les familles marocaines, souffrent de la fermeture de la frontière. L’histoire contemporaine témoigne de l’injustice humaine inégalable dont souffrent certaines familles à cause de la fermeture de la frontière.

Nous sommes en droit de s’interroger si la fermeture de la frontière est dictée par la crainte d’une contagion à la démocratie, au développement et à la liberté, sachant que l’espace démocratique s’étend et se déploie sans solliciter l’avis ou l’autorisation de quiconque, qu’il s’agisse des libertés publiques ou de la liberté de l’information ou du plein respect de la spécificité culturelle.

Il est vrai que le monde vit une phase de regroupement pour faire face à des défis majeurs. Le projet de l’Union du Maghreb Arabe a été le rêve d’une ancienne génération. Il représente actuellement les aspirations d’une nouvelle génération à une intégration, à une complémentarité et à la création d’un pôle, dont a besoin actuellement notre région.

Les peuples du Maghreb sont désireux de communiquer entre eux en raison des liens communs qui les unissent. Ces peuples ont raté beaucoup d’opportunités de développement en l’absence d’une unité maghrébine complémentaire. Les statistiques spécialisées regorgent d’exemples frappants sur les pertes engendrées par l’absence d’une vision stratégique quant à l’importance des groupes régionaux pour la réalisation du bien-être des peuples. De ce fait, le Maroc demeure convaincu de l’inéluctabilité de cette intégration et compte mobiliser tous les moyens pour assurer le succès de ce projet.

N’y-a-t-il pas moyen de trouver une solution au problème du Sahara, qui puisse satisfaire l’Algérie et lui sauver la face ?

J’ai souvent posé cette question à certains amis algériens, pour trouver une réponse à une question qui m’a toujours préoccupée, à savoir quel est l’intérêt de l’Algérie à faire perdurer ce problème artificiel. Nous avions établi des comparaisons entre ce que gagnerai l’Algérie ou ce que nous gagnerons ensemble si nous parvenons à réaliser l’intégration et la coopération entre nous, et ce que nous gagnerons si la situation demeure ce qu’elle est maintenant. En toute honnêteté, je n’ai reçu d’eux jusqu’ici aucune réponse satisfaisante.

Je leur posais les questions suivantes : qui bénéficierait de la création d’un micro-Etat au cœur du Sahara ? Quels sont les chances de développement et de prospérité de son peuple?  Et quels sont les moyens qui seront mobilisés pour créer ce micro-Etat?  Une fois de plus, je n’ai reçu d’eux aucune réponse satisfaisante.

En outre, les frères en Algérie n’ont pas de vision stable sur le problème du Sahara. Tantôt, ils prônent l’autodétermination, et tantôt ils appellent à la répartition du Sahara, et peut-être que demain ils auront un autre point de vue. Et ce sont nos fils et nos frères dans les camps de Tindouf qui sont victime de cet état de fait, car ils sont privés de parachever leurs études en Algérie et de circuler librement. De plus, la loi en vigueur dans les camps n’est ni algérienne, ni marocaine, et encore moins universelle.

De plus, l’Algérie s’oppose fermement à l’opération de recensement des populations vivant dans les camps en vue de leur assurer ce dont ils ont besoin, de sorte que les aides humanitaires qui leur sont allouées sont détournées vers des destinations inconnues pour y être commercialisées. La possibilité de choisir une destination pour s’y établir ne leur est pas accordée et la possibilité de décider de leur sort n’est pas à l’ordre du jour. La tragédie que vivent nos frères à Tindouf nécessite, en toute urgence, que s’éveille la conscience de l’humanité pour les libérer de leur captivité et mettre fin à la tyrannie qu’ils ont subie pendant plus de trois décennies et ce, sur la base des principes des droits de l’Homme consacrés dans les conventions internationales. Certains rapports internationaux ont souligné la situation désastreuse vécue à Tindouf, évoquant « la traite des humains » et relevant de graves violations des droits de l’Homme, telles l’arrestation des femmes enceintes en dehors de l’institution du mariage et l’embrigadement forcé des enfants.

Je pense que toutes ces considérations nous incitent à s’interroger au sujet des motifs qui poussent l’Algérie à adopter cette position. Est-ce ses aspirations à dominer la région ? Ou la recherche d’un débouché sur l’océan Atlantique ? Ou plutôt le justificatif des marchés d’achat d’armements, sous prétexte que le Maroc représente une menace pour sa sécurité ? L’absence d’une réponse explicite ouvre la voie à toutes les possibilités.

Pour ce qui est de la solution qui sauverait la face de l’Algérie, je pense que le Maroc a proposé la solution appropriée et optimale pour toutes les parties, selon la logique « ni vainqueur, ni vaincu », qui s’est traduite par l’initiative d’autonomie, qui offre une opportunité à nos frères sahraouis de gérer leurs affaires, d’assurer leur subsistance et leur stabilité, de bénéficier des richesses de leur pays, sans porter préjudice à leurs spécificités et dans le cadre de l’unité de l’Etat marocain, de ses constantes et de ses fondamentaux.

Quand reviendra le Maroc pour pourvoir son siège vide au sein de l’Union africaine?

Nombreuses sont les voix qui appellent aujourd’hui le Maroc pour réintégrer le giron de l’Union africaine. Le dernier appel dans ce sens a été lancé par le Président de l’Etat des Iles Comores lors de la dernière réunion de l’Union africaine, tenue à Addis-Abeba, où il a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer pour convaincre le Maroc de réintégrer l’Union africaine. Mais comme vous le savez, notre absence est motivée par le fait que la présence de « la fantomatique république » au sein de l’Union africaine viole la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine, puisque son adhésion a été acceptée en l’absence d’une référence géographique ou juridique, alors que nous sommes l’un des Etats fondateurs de cette organisation. Cette opération d’admission s’est déroulée dans des circonstances suspectes et a impacté négativement le fonctionnement de l’Organisation. L’Union africaine a hérité par la suite des problèmes dont souffrait l’Organisation de l’Unité Africaine.

En outre, les structures de l’Union africaine, en particulier celles relatives à la paix et à la sécurité, n’ont pu résoudre aucun des problèmes du continent. Les problèmes du Maroc au sein de l’Union africaine n’ont commencé qu’au lendemain de son acceptation du référendum lors de la Conférence de Nairobi en 1981. La question qui se pose aujourd’hui : quelles sont les conséquences d’un tel retour sur le niveau africain, surtout devant les thèses du Nord, qui a hâte de créer une armée africaine unifiée, le Sud, influencé par l’Afrique du Sud, qui vise à créer une organisation spéciale pour le continent noir et séparer le Nord du Sud. Dans ce cas, le tribut du retour risque d’être très onéreux sur le plan politique.

Il est légitime de s’interroger également s’il est possible de prévoir une stratégie de réintégration de la communauté africaine dans le contexte de scénarios l’entrée de l’Algérie et de la région du Sahara dans une nouvelle phase de croissance des « groupes djihadistes » aux côtés d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique ? Le Maroc peut-il adopter une stratégie sécuritaire à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Union africaine ? La réintégration constituerait-elle un fardeau régional sur le Maroc, Sachant que la superficie de l’Algérie est égale à près de quatre fois la taille de l’Afghanistan, où les troupes internationales, avec toutes leurs armes dont elles disposent, ont été incapables d’éliminer « Al-Qaïda » ?

La tâche s’avère très ardue dans une région où les groupes djihadistes ont commencé à s’appuyer sur le facteur ethnique et les réseaux de trafic des drogues et des armes, de contrebande, de l’immigration illégale et les enlèvements, sans oublier que ces groupes, tous confondus, ont infiltré le front du « polisario », comme en témoignent de nombreux procès judiciaires au Mali et en Mauritanie. Ce qui nous incite à prendre en compte tous ces faits lors de l’examen de l’hypothèse d’une réintégration de l’Union africaine.

En résumé, entre la réintégration de l’Union africaine et rester en dehors, existent des choix stratégiques qui doivent être clarifiés avant de prendre une décision en la matière, parce que la question ne porte pas sur une décision politique, beaucoup plus qu’elle n’est liée à la capacité du Maroc à adopter des options qui auront inévitablement des répercussions en interne et en externe. Aujourd’hui, nous ne parlons pas de la chaise vide, mais de la voix présente. La voix du Maroc est demeurée présente dans le continent africain, grâce à son rôle influent dans la Communauté des Etats sahélo-sahariens, un regroupement de 28 pays, soit plus de la moitié des Etats du continent. Le Maroc participe activement et est présent fortement dans le groupement des Etats riverains du Sahel.

De même, le Maroc, grâce aux initiatives et à la vision du Roi et à la fierté de son appartenance à l’Afrique, est devenu désormais pionnier au niveau international dans le domaine de la coopération Sud-Sud. Les visites effectuées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans certains pays d’Afrique sub-saharienne ont eu également un grand impact s’agissant d’impulser une nouvelle dynamique à cette coopération, en matière de partage des expériences dans des domaines qui intéressent les Africains. Je cite également la participation active du Maroc aux opérations de maintien de la paix et de la sécurité et son action visant à fournir une assistance humanitaire lorsque les circonstances l’exigent. Le Maroc a également consacré, lors des dernières années, son ouverture et son interaction avec les questions africaines majeures, comme cela s’est traduit par la tenue de la première conférence africaine sur l’immigration et le développement en 2007 à Rabat et aussi par l’initiative du Maroc d’organiser à Rabat la première réunion entre les ministres des Affaires Etrangères des Etats africains riverains de l’océan Atlantique, avec la participation de 23 pays.

Le Maroc ne dispose pas de ressources pétrolières ou d’autres ressources qui lui permettraient d’offrir des aides aux Africains. Alors, comment pourrait-il les aide ?

C’est vrai, mais la véritable richesse inépuisable n’est pas le pétrole, mais l’esprit créatif hors pair des marocains et leurs compétences et expertises reconnues dont ils font preuve dans divers domaines, qui portent principalement sur la formation des cadres et la formation technique et ce, grâce aux expériences pilotes capitalisées par le Maroc dans divers domaines.

Aujourd’hui, environ 8.636 étudiants africains poursuivent leurs études au Maroc. Au cours de la dernière décennie, près de 16.000 étudiantes et étudiants africains ont été formés par les universités et les instituts marocains. De même, plus de 25.000 cadres africains ont bénéficié d’un stage au Maroc, que ce soit dans le cadre d’accords de coopération bilatéraux ou trilatéraux. En plus, des réalisations sont là et que les Africains eux-mêmes qualifient de révolutionnaires, notamment dans des domaines afférentes à la coopération. Je rappelle, à titre d’exemple, l’opération « Al-Ghaït » au Sénégal portant sur l’insémination artificielle des nuages, les techniques innovantes de culture des légumes, en particulier les tomates à Djibouti, qui ont été qualifiées de miraculeuse par de nombreux pays africains. Ainsi, le Maroc est présent sur la scène africaine.

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