Ce que cache la colline !

Je ne sais pas ce qui fait trembler ces jours-ci certains responsables dans toutes les régions du Royaume à chaque fois que Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, décide d’effectuer une visite dans leurs régions pour inaugurer une mosquée ou un hôpital … ou l’un des chantiers nombreux que le Souverain, que Dieu le Protège, avait lancé récemment.

En effet, dès que ces responsables pressentent l’une de ces visites royales, leur pression artérielle augmente, se mettant dans des situations peu enviables, médusés et errant avec leurs voitures dans toutes les directions et devenant colériques en donnant des ordres à leurs subalternes, comme si quelque chose de peu ordinaire allait survenir dans le pays.

Cette confusion et ces troubles qui les affectent en ces moments-ci seraient-ils le fruit et la leçon à tirer de ce qui s’est passé récemment à Al Hoceima et dans d’autres villes ? ou serait-ce un indicateur révélateur du fait qu’ils sont loin d’être « innocents » en matière de gestion des affaires locales dans ces régions ?

Je crois fermement que les deux interrogations soulevées sont valables, car ces responsables s’accrochent à leurs strapontins à l’image des enfants qui sont attachés à leurs mères. C’est pourquoi ils craignent que de perdre leurs positions douillettes, d’autant plus qu’ils ont certainement des « affaires » à se reprocher, qu’elles soient anciennes ou nouvelles.

Au cours de la semaine ayant précédé la visite bénie de Sa Majesté le Roi à « Al-Karia », l’un des quartiers de la ville de Salé, les citoyens ont noté que les responsables ont inhabituellement quitté leurs bureaux climatisés pour s’enquérir de l’état de l’avenue que devait emprunter le cortège royal.

Ayant été personnellement amené à me rendre à l’un des arrondissements de la ville pour procéder à la légalisation de certains documents, j’ai goûté à l’amertume de l’attentisme aux côtés d’une foule de citoyens, sous prétexte que le Président de l’arrondissement est occupé à boucher les trous pullulant sur l’avenue précitée, à planter, sur les flancs de cet avenue, des arbres « saisonniers » dont la durée de vie expirerait vers la fin de la visite royale, et à peindre les bas-côtés de cette avenue en noir et blanc.

Ainsi, cette avenue fait maintenant le bonheur des conducteurs de véhicules, avec des drapeaux qui flottent au vent ici et là, sur les vitrines des magasins et sur les façades des maisons. De plus, tous les commerçants ayant des magasins longeant cette avenue ont été appelés à peindre leurs boutiques avec des couleurs qui sont du goût du président. Tout est bien ici, au point que j’ai espéré que ces visites se renouvellent à chaque jour.

Les habitants du quartier « Al-Karia » ont accueilli chaleureusement, en scandant des slogans et des youyous, leur Roi qui est venu inaugurer un hôpital préfectoral dans leur quartier, qui assurera l’hospitalisation de leurs enfants sans qu’ils aient à assumer les frais du transport et à endurer les longues files d’attente devant les portes de l’hôpital Avicenne à Rabat.

La visite royale a été achevée, alors qu’on aurait souhaité qu’elle ne prenne pas fin. Et les responsables sont retournés à leurs bureaux, désolé à leurs épouses.

Ayant pris connaissance de ces faits, les arbres plantés le long de l’avenue ont été attristés et se sont défraîchis, l’éclairage est retombé en panne après avoir été réparé et les décharges d’ordures ont retrouvé leur place.

Qu’aurait-il advenu si Sa Majesté le Roi avait viré tout d’un coup à droite et avait investi les profondeurs du quartier « Al-Karia » ? Il aurait découvert inévitablement ce que cachait la colline !