Zineb Abou-Abdellah
Mme Latifa Aâbouth, membre du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a appelé le gouvernement à œuvrer sérieusement à la mise en œuvre des recommandations du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), d’autant plus qu’elles portent sur des questions liées à nos ressources naturelles.
Cette déclaration de Mme Aâbouth est intervenue lors de la discussion de l’avis du CESE au sujet du thème « Les mécanismes d’octroi des licences et de contrôle de l’exploitation des ressources naturelles (ressources hydriques et carrières) », lors d’une réunion de la Commission des infrastructures à la Chambre des Représentants, tenue le mardi 06 mai 2025.
Dans une intervention au nom du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, Mme Aâbouth a évoqué, à cet égard, les problématiques de la surexploitation des ressources hydriques, du déficit de gouvernance et de coordination, de la multiplicité des intervenants et de la non-édiction des décrets d’application des lois régissant ce secteur, ce qui entrave leur mise en œuvre.
La députée parlementaire harakie a souligné que le problème ne réside pas dans l’arsenal juridique régissant ce secteur, mais dans son effectivité, affirmant « il est nécessaire de prendre des mesures et de mettre en place des mécanismes rigoureux pour préserver les réserves d’eau restantes, en particulier contre le pompage illégal de l’eau et l’augmentation des points d’eau non-autorisés » et ajoutant que la gouvernance des ressources naturelles nécessite également d’être reconsidérée et renforcée sur la base du diagnostic de la situation sur le terrain.
Par ailleurs, Mme Aâbouth a abordé la problématique de la complexité et de la lenteur des procédures d’octroi des licences, ce qui encourage le pompage illégal de l’eau ou ce que l’on pourrait appeler la « contrebande illégale d’eau », appelant à la consécration du caractère obligatoire des plans directeurs d’aménagement intégrés des ressources hydriques, qui ont été approuvés par la majorité des Agences des bassins hydrographiques (ABH).
La députée parlementaire harakie a également mis l’accent sur la nécessité de mettre un terme à la fragmentation des responsabilités, indiquant que les Offices régionaux de mise en valeur agricole (ORMVA) ont en commun avec les Agences des bassins hydrographiques la compétence d’octroi des licences d’exploitation des ressources en eau au niveau des grands périmètres d’irrigation et affirmant « nous devons mettre un terme à la fragmentation des responsabilités, car elle n’encourage pas la bonne exploitation des ressources en eau ».
D’autre part, Mme Aâbouth s’est interrogée sur la réalisation d’un inventaire scientifique des réserves en eau et des points d’eau, l’existence d’une coopération avec le ministère de l’Equipement et de l’Eau à cet effet, ainsi que sur la réalisation d’études concernant la construction de barrages, d’autant plus que la Cour des Comptes avait recommandé la construction de barrages dans les zones enregistrant de fortes précipitations pluviométriques.
S’agissant de l’exploitation des carrières, la députée parlementaire harakie a mis en garde contre l’exploitation anarchique des carrières, appelant à l’intensification du contrôle et à l’application des lois.
Mme Aâbouth a souligné, à cet égard, que la situation du secteur dicte la nécessité de lutter contre les activités non réglementées, notant que la moitié du sable du Maroc, soit environ 10 millions de mètres cubes par an, est extraite illégalement des zones côtières, ce qui menace les écosystèmes, appelant à la mise en œuvre de la loi n° 49.17 de 2020 relative à l’évaluation environnementale.
La députée parlementaire harakie a également souligné l’importance du contrôle à travers le recours aux nouvelles technologies, la formation de intervenants dans l’application des procédures judiciaires, la création de chambres spécialisées au niveau des tribunaux qui seraient chargées de statuer dans les différentes questions environnementales, notamment les questions relatives à l’eau et aux carrières, et l’institution de l’obligation faite aux exploitants de réhabiliter les carrières une fois leur exploitation achevée.
Mme Aâbouth n’a pas manqué de souligner l’aspect social en prônant notamment la garantie des droits des travailleurs, la construction de relations de travail transparentes, la déclaration des travailleurs, l’amélioration des niveaux de salaires, la garantie de conditions de santé et de sécurité sur le lieu de travail et le renforcement de l’implication de la société civile et des organisations non gouvernementales dans la sensibilisation et la vigilance concernant la préservation des ressources naturelles.