Zineb Abou-Abdellah
M. Mbarek Sbaîi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers, a réitéré son appel au gouvernement pour qu’il fasse acte d’une large mobilisation nationale afin de corriger le cap de la politique agricole et d’élaborer une nouvelle stratégie, fondée sur des plans agricoles régionaux tenant compte des spécificités régionales et des changements climatiques et mettant un terme à la contradiction entre le soutien accordé aux cultures exportatrices fortement consommatrices d’eau et le recours au renforcement des lobbies importateurs au mépris du principe de la corrélation de la responsabilité à la reddition des comptes.
Commentant la réponse du ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, M. Ahmed El Bouari, à une question sur le « soutien des éleveurs », posée par le Groupe Haraki lors de la séance hebdomadaire des questions orales tenue le mardi 10 juin 2025 à la Chambre des Conseillers, M. Sbaîi a appelé à éclairer l’opinion publique nationale et à apporter des clarifications sur le cheptel national, les mesures gouvernementales prises pour maîtriser les prix des viandes rouges et blanches durant les prochains jours, qui devraient, selon des experts, enregistrer des hausses sans précédent, ainsi que sur le mode d’approvisionnement des marchés.
Dans le même contexte, le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers s’est interrogé sur le calendrier de mise en œuvre de l’ambitieux programme de soutien aux éleveurs et de reconstitution du cheptel national et ce, conformément aux Hautes Orientations Royales. M. Sbaîi s’est interrogé, à cet égard, si la fixation de l’année prochaine comme échéance pour la réalisation des objectifs du programme était suffisante, d’autant plus que les professionnels confirment que ces objectifs ne pourront être atteints avant au moins deux ans.
S’adressant au ministre, M. Sbaîi a affirmé « nous espérons, Monsieur le Ministre, que ce programme inclura un soutien direct aux éleveurs, notamment les petits éleveurs, à l’instar du soutien accordé aux professionnels des secteurs du tourisme et des transports et de l’aide au logement », appelant également à ce que ce soutien soit accordé aux éleveurs de camelins.
Par ailleurs, M. Sbaîi a salué hautement les Hautes Orientations Royales à travers lesquelles le Souverain a exhorté les citoyens à s’abstenir de l’accomplissement du rituel du sacrifice à l’occasion de l’Aïd Al-Adha, en vue de l’atteinte d’objectifs sages et ambitieux visant à protéger le cheptel national et à alléger le fardeau d’un large éventail de citoyens.
M. Sbaîi a critiqué, en revanche, le fait que le gouvernement n’ait pas accompagné des Sages Orientations Royales, affirmant, à cet égard, « nous aurions souhaité que le gouvernement accompagne ces objectifs louables, énoncés par les Orientations Royales stratégiques, par des campagnes de communication et des mesures réglementaires afin d’éviter les phénomènes que nous avons observés avant l’Aïd, qui ont compromis l’avenir du cheptel dont l’effectif est déjà limité et mis en évidence un nouveau type de spéculateurs et d’opportunistes » et ce, en référence à la « folle ruée vers les achats » qui a animé certains Marocains et provoqué une flambée des prix de la viande et des abats avant l’Aïd.
Cette hausse soudaine de la demande, face à une offre limitée due au caractère exceptionnel de l’événement, a fait grimper les prix des viandes et de leurs dérivés à des niveaux sans précédent, suscitant le mécontentement d’une large frange de la population, notamment les personnes à faibles revenus, en raison l’absence de sensibilisation en vue d’opter pour une consommation équilibrée et éviter la ruée vers les achats, tout en soulignant l’importance de préserver les traditions de l’Aïd dans un esprit de solidarité, sans tomber dans le piège de la spéculation et de la pression sur le pouvoir d’achat des familles.