Sur ma responsabilitéNous et le 25 novembre
Mohamed Mechehouri (*)
Dans toutes les démocraties du monde, il n'y a rien de constant, car les formations de la scène politique changent à l’occasion des échéances électorales en raison de plusieurs de facteurs complexes, dont certains sont subjectifs et liés aux partis eux-mêmes et d’autres sont objectifs et liés aux changements sociaux accélérés aux niveaux national, continental et mondial et qui sont à l’origine du changement des tendances de l'opinion publique et guident ses orientations électorales.
De ce fait, le facteur de surprise ne devrait pas se transformer en un « choc » qui paralyserait notre réflexion et l’empêcherait de continuer à fonctionner ou remettrait en doute complètement la pertinence de nos positions et de nos choix. Au contraire, cela devrait nous inciter plutôt à être convaincus que l'action politique se caractérise par ce qui est stratégique et constant et par ce qui est tactique pouvant être amendé en fonction de l'évaluation des données conjoncturelles.
Dans ce contexte, le Maroc ne constitue pas une exception parmi les démocraties. Par conséquent, nous devons analyser les résultats du scrutin du 25 novembre selon la logique susmentionnée.
Notre pays s’est engagé dans un nouveau tournant dès le début de l'année 2011. Ont contribué au tracé de la trajectoire de ce tournant les évènements qu’ont connus les pays du voisinage dans le cadre de la dynamique du « printemps arabe », ainsi que les répercussions négatives de la crise financière mondiale dont n’ont pas été épargné la plupart des pays du monde. Ce qui a rendu nécessaire de lancer un processus de réformes urgentes, à commencer par la réforme constitutionnelle, puis la tenue d’élections législatives prématurées à la lumière de positions contradictoires, entre celle prônant la participation et celles appelant au boycott.
Pour notre parti du Mouvement Populaire et malgré notre conscience profonde de l’inquiétude générale qui régnait au sein de la société marocaine, nous étions très positifs, voire exagérément positifs, mués dans cela par notre grand souci de faire prévaloir les intérêts de la patrie sur les autres considérations partisanes ou politiciennes étroites.
Nous étions convaincus de la nécessité de rationaliser la scène partisane et nous étions avant-gardistes en fusionnant en 2006. Cela nous a coûté cher sur le plan numérique lors des élections de 2007 et 2009. Nous étions convaincus également de l'inéluctabilité de notre contribution effective et efficace dans la mise en œuvre sur le terrain des dispositions de la nouvelle constitution, et nous avons défendu ce processus de réforme de manière honnête, claire et responsable, sans tomber dans la rhétorique populiste qui caresse dans le sens du poil les émotions d'une société, dont les caractéristiques essentielles sont la perte de confiance, l’inquiétude et sa prédisposition à interagir positivement avec un discours « cathartique » par rapport à ses préoccupations quotidiennes cumulées tout au long de plusieurs décennies.
Nos principes nous ont amené à s’engager dans les dernières élections avec un esprit de citoyenneté et de nationalisme et d’attachement à l'essence de la nouvelle constitution. Nous avons présenté des candidates et des candidats sur la base des critères de compétence et d'intégrité et nous avons mené une campagne électorale saine avec un programme clair ne contenant pas de promesses irréalisables et nous nous sommes écartés des méthodes déloyales de concurrence, en dépit de la campagne vile et systématique qui nous a pris pour cible plus d'une fois.
Par conséquent, les résultats que nous avons obtenus, quoiqu’ils ne sont équitables au regard de notre véritable taille et de la crédibilité de notre discours, nous imposent une trêve de réflexion pour procéder à une autocritique afin de déterminer les déficits qui ont caractérisé la tactique avec laquelle nous avons menée ces dernières élections.
Tout d’abord et de manière objective, et parce que je fais partie de ceux qui pensent à voix haute et ne craignent personne en disant la vérité, je salue avec gratitude et admiration la position noble et courageuse de notre Secrétaire Général, M. Mohand Laenser, qui a prouvé une fois encore qu’il est à la hauteur de la responsabilité à travers les déclarations accordés aux médias suite à la tenue de ces élections.
Mais, l’appartenance harakie de chacun d'entre nous requiert de nous de se rappeler toujours avec fierté et orgueil que notre Secrétaire Général, élu démocratiquement par le 11ème Congrès national du Parti, a veillé avec rigueur à la mise en œuvre effective et continue du principe de la démocratie interne au niveau de tous les organes délibératifs ou exécutifs du Parti. En effet, toutes les décisions et les initiatives sont prises de manière collective, après discussion et concertation, voire le recours au vote au bulletin secret le cas échéant. De surcroît, notre Secrétaire Général gérait, de sa position d’arbitre, la divergence de nos tendances et de nos points de vue ; une attitude à mettre à l’actif de notre leadership et non à son passif.
Plusieurs causes ont du peut être faussé nos calculs et qui sont liés, en plus de ce qui a été mentionné précédemment, à un déficit en matière d'appréciation de la réalité et d’analyse de ses développements soudains et accélérés, ainsi qu’à notre cantonnement à l'adoption de questions importantes mais qui demeurent limitées au monde rural et ce, à la lumière de l’expansion de l’espace urbain sur les plans urbain, géographique et démographique.
Bien évidement, nos instances délibératives et exécutives seront appelées à assumer la mission de procéder à une lecture attentive et objective de ce qui s'est passé, afin de tirer des conclusions et de prendre les positions qui s’imposent pour faire face à la nouvelle situation politique, sachant que ce qui s'est passé est normal dans toutes les démocraties. L’étape du 25 novembre n’est pas la fin du monde, mais elle est l’une des étapes du long processus démocratique longtemps, et nous devons, en tant que militantes et militants harakis, poursuivre notre action, avec un rythme plus accéléré, une ferveur plus forte et avec une tactique différente. D’autres chantiers démocratiques et de réforme, qui ne sont pas moins importants que le Parlement, nous attendent.
Ce qui est souhaité de nous, en tant que militantes et militants harakis, c’est de renouveler notre mobilisation aux côtés de notre leadership et avec lui, au service du Maroc tout d'abord et en faveur du Mouvement Populaire en second lieu, mais avec une forme plus forte d’appartenance et d’enthousiasme.
(*) Militant haraki