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Lors d’un séminaire organisé par le Mouvement Populaire en coopération avec le Forum Universitaire Haraki :Des politiques et des professeurs universitaires mettent en garde contre la politique de bras de fer au sujet de la question de l’ouverture sur les langues étrangères

Saliha Boujraf

Les intervenants lors du séminaire organisé par le Mouvement Populaire en coopération avec le Forum Universitaire Haraki, vendredi dernier à Rabat, ont estimé que l’ouverture sur les langues étrangères était une nécessité impérieuse.

Les intervenants, dont notamment des politiques et des professeurs d’université, ont mis en garde contre l’adoption de la politique de bras de fer au sujet d’une question qui concerne l’avenir des Marocains, soulignant que l’enseignement de matières scientifiques et techniques en langue étrangère (français et anglais) s’impose désormais avec force, notamment face à l’échec du produit de l’école publique.

Dans le même contexte, M. Mohand Laenser, Secrétaire général du Mouvement Populaire, qui a critiqué le retard accusé dans l’adoption des projets de lois organiques relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et à la création du Conseil national des langues et de la culture marocaines, a souligné que le Maroc avait adopté le choix irréversible de construire la démocratie sur la base de la reconnaissance du multilinguisme, lequel choix a abouti à l’officialisation de la langue amazighe.

Dans ce sens, M. Laenser a affirmé que la défense de la langue amazighe en tant que langue officielle du pays était présente au Mouvement Populaire depuis 57 ans, à une époque où certains craignaient d’en parler ou de la parler, ajoutant « certes, nous avions une position à l’égard de la politisation de la question amazighe, car nous considérons qu’elle est la question de tous les Marocains ».

Laenser a poursuivi « aujourd’hui, nous n’allons plus tolérer que les projets de lois organiques relatives à l’officialisation de la langue amazighe et à la création du Conseil national des langues et de la culture marocaines demeurent gelés depuis 2011, sans que l’on sache les raisons du retard accusé, malgré la nécessité d’adopter lesdites lois organiques et de mettre en place le Conseil susmentionné.

Laenser a ajouté que la Constitution de 2011, qui a ouvert des voies sans précédent pour la promotion de la langue amazighe en particulier et l’instauration des mécanismes d’intégration entre cette langue et les différentes langues nationales (en référence à l’arabe et au hassani), dans le cadre d’une politique culturelle et linguistique équilibrée et équitable, affirmant « nous continuons à relever une certaine négligence sur le plan de la mise en place du Conseil national des langues et de la culture marocaines et de l’adoption de la loi organique relative à l’officialisation de la langue amazighe ».

Par ailleurs, le Secrétaire général du Mouvement Populaire a salué le choix opéré par le Forum Universitaire Haraki du thème de ce séminaire, à savoir “La politique linguistique et l’enjeu du développement”, soulignant que le Mouvement Populaire avait clairement démontré que nous ne sommes pas des extrémistes.

Laenser a affirmé, à cet égard, que « la question des langues a suscité une controverse et nous aimerions bien entendu connaître l’opinion des professeurs d’université sur ce sujet », mettant en exergue la ferme conviction du Mouvement Populaire s’agissant de l’identité marocaine, malgré la politique d’opposition systématique adoptée par certains.

Laenser a précisé toutefois queles Marocains en sont conscients, d’autant plus que ceux qui sont contre l’ouverture sur des languesétrangères inscrivent leurs enfants dans des instituts de langues, affirmant que le multilinguisme s’impose désormais avec force.

Laenser a conclu en soulignant que la langue arabe est présente et que la langue amazighe devrait se hisser à la positionqui lui a été conférée par la Constitution, ajaoutant que l’ouverture sur les langues étrangères s’impose désormais.

 

Bououd : Les Politiques linguistiques, entre l’intervention de l’Etat et la gestion du multilinguisme au Maroc

De son côté, M. Ahmed Bououd, professeur d’université, a abordé, dans son intervention qui a été axée sur “Les politiques linguistiques : entre l’intervention de l’Etat et la gestion du multilinguisme au Maroc », les bases du traitement de la question linguistique adopté depuis les premières années de l’indépendance, soulignant que la situation linguistique au Maroc se distingue essentiellement par le multilinguisme à différents niveaux ; une donne qu’il est difficile d’ignorer.

Bououd a également souligné que le Maroc a connu uneétape qui a été marquée parl’absence de toute planification linguistique, ce qui avaitimpacté négativement les programmes et les curriculums d’enseignement, ainsi que dans leurs contenus.

 

Moujahid : Les représentations possibles de la gestion de la politique linguistique et culturelle

Pour sa part, M. El Houssine Moujahid, professeur d’université, a rappelé certaines représentations et perceptions que nous vivons actuellement, affirmant qu’elles sont de nature partisane, institutionnelleet académique, s’interrogeant si le Maroc disposaitd’une politique linguistique définies et sur ses caractéristiques.

Dans son intervention intitulée « Les représentations possibles de la gestion de la politique linguistique et culturelle », M. Moujahid s’est interrogé également sur les caractéristiques et les manifestations de la politique culturelle et linguistique et plus précisément sur la possibilité de concevoir une politique linguistique équilibrée qui réponde à toutes les attentes et qui constitue un pilier du développement.

Moujahid a affirmé, à cet égard, qu’aucun projet,dans son volet culturel, ne peut contenir de programmes de développement social sans se focaliser sur l’adoption d’une approche objectiveextra-système basée sur des mesures et des propositions mettant l’accent sur la spécificité culturelle symbolique et mettant de côté la rhétorique de l’intolérance, soulignant que l’adoption et le respect de la citoyenneté exige la garantie de l’égalité entre les régions et l’encouragement de la coopération entre elles.

 

Blaouchou : Le rôle de l’évaluateur linguistique dans la mise en œuvre du processus de développement

Pour sa part, M. AbdelkbirBlaouchou, professeur d’université, qui a abordé le thème« Le rôle de l’évaluation linguistique dans la mise en œuvre du processus de développement », a souligné l’échec de l’arabisation dans la production de compétences de développement, affirmant à cet égard que nous récoltons les fruits de l’improvisation et la précipitationde l’arabisation dans les universités.

Blaouchou a poursuivi que suite à cette politique irréfléchie, nous avons formé une génération qui ne maîtrise les langues française et anglaise, à l’exception de certains cas résultant des efforts individuels d’étudiants ou de diplômés d’écoles privées.

Blaouchou a cité à cet effet les chiffres et les données d’universités nationales qui dévoilent l’échec de la politique d’arabisation des matières scientifiques, relevant que dès son obtention dubaccalauréat et son accès à l’enseignement supérieur l’étudiant est appelé à suivre ses coursen français, ce qui voue son parcours estudiantin à l’échec.

Blaouchoua également souligné la confusion qui règne dans le paysage éducatif au Maroc, soulignant quela réforme de ce paysage requiert un traitement qui impulse un nouveau élan dans toutes les composantes du corps éducatif et indiquant que le premier jalon de cette réforme prévue consiste à trancher le changement de la langue d’enseignement des mathématiques, de la physique et des sciences naturelles, conformément à l’esprit du temps et à ce qu’il exige en termes d’accompagnement du rythme accéléré des développements scientifiques qui ne laisse aucune place au choix ou à l’hésitation et ce, loin de toute interprétation politicienne étroite et de sorte que la voie soit ouverte à tous les Marocains de parachever leur formation scientifique conformément à leurs souhaits.

En outre, les autres interventions ont souligné la nécessité d’investir dans le multilinguisme eu égard à l’importance et au rôle des langues dans le développement économique, appelant à l’adoption d’une planification linguistique fondée sur le pluralisme et permettant une gestion rationnelle de la politique linguistique, sans omettre bien évidemment la pratique des langues nationales car le développement national et humain requiert désormais une réflexion commune entre les linguistes et les économistes.

Les autres interventions ont conclu que l’ouverture sur les langues vivantes constitue désormais une nécessité impérieuse pour assurer une éducation bénéfique, appelant à une réforme du système d’éducation et de formation, ainsi qu’à la promotion et au développement de l’école publique.

Il convient de noter que le séminaire a été marqué par une allocution d’ouverture de M.Hamou Ouheli, membre du Bureau politique du Mouvement Populaire et président du Forum Universitaire Haraki, dans laquelle il a souligné les raisons du choix du thème du séminaire dans cette conjoncture qui coïncide avec le débat engagé autour de certains textes législatifs fondamentaux et structurants, tels que le projet de loi-cadre relative à l’éducation et à la formation et les projets de lois organiques relatives à l’officialisation de la langue amazighe et à la création du Conseil national des langues et de la culture marocaines.

Il est à signaler que ce séminaire, qui s’inscrit dans le cadre des activités ramadanes ques qu’organise habituellement le Mouvement Populaire au cours du mois sacré du Ramadan, a enregistré la présence de nombreux acteurs politiques, experts, professeurs d’université, étudiants et observateurs.

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