La 6ème édition de l’Université Populaire du Mouvement Populaire recommande :L’activation de la formation des deux commissions qui se pencheront sur l’élaboration de la loi organique de la langue amazighe et la loi portant création du Conseil national des langues et de la culture marocaines
L’Université Populaire a tenu sa 6ème édition le samedi 13 octobre 2012 à Azrou sous le thème « quels mécanismes pour mettre en œuvre le caractère officiel de la langue amazighe ? ».
Les travaux de l’Université Populaire, qui a connu une présence massive, ont été lancés par une séance d’ouverture qui s’est articulée, outre les allocutions respectives du Secrétaire Général du parti du Mouvement Populaire et du coordinateur de l’Université, sur les exposés présentés par M. Mustapha Al Khalfi du Parti de la Justice et du Développement (PJD), M. Housseïn Chaâbi du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), M. Mohamed Manouar de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) et M. Ahmed Assid de l’Observatoire amazigh des droits et des libertés.
Les exposés ont abordé les questions relatives à la loi organique de la langue amazighe, ses fondements, soubassements, ses grandes orientations et les champs de son application, ainsi que la loi portant création du Conseil national des langues et de la culture marocaines, sa structure, les parties devant y prendre part, ses attributions et les missions qui lui seront confiées. Dans ce cadre, tous les exposés ont mis l’accent sur l'importance de la promulgation de ces deux textes de lois, qualifiés d’être parmi les priorités de l'action gouvernementale au cours de ce mandat actuel.
La séance d’ouverture de l’Université Populaire a été également l’occasion de soulever des interrogations et de nombreuses questions qui ont été approfondies lors des deux ateliers organisés, à savoir un premier atelier dédié à la loi organique sur la langue amazighe et un second atelier consacré à la loi portant création du Conseil national des langues et de la culture marocaines. Les participants à ces deux ateliers ont passé en revue la situation de la langue amazighe dans les différents secteurs, partant de l’établissement d’un diagnostic critique à l’élaboration des visions à même de permettre la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle constitution , en vue d’assurer une protection juridique à la langue amazighe et d’instaurer les fondements institutionnels de sa gestion dans les différents secteurs.
Les participants à ces deux ateliers ont émis une série de recommandations importantes, dont notamment :
- La nécessité pour le gouvernement d’accélérer la formation des deux commissions devant se pencher sur l’élaboration de la loi organique sur la langue amazighe et de la loi portant création du Conseil national des langues et de la culture marocaines, et de tenir les consultations nécessaires avec toutes les parties concernées au cours de l'année 2013, afin de finaliser l'élaboration des lois susmentionnées au terme de l’année 2013 ;
- Adoption du principe de l'interprétation démocratique de la Constitution et du principe de la préservation des droits acquis, et la non prise en compte des positions idéologiques rejetant le changement, l'équité et la réconciliation nationale, ainsi que les positions qui ne contribuent pas à la réussite de la transition démocratique escomptée ;
- Considérer prioritaires tous les domaines qui seront stipulés par la loi organique sur la langue amazighe, ne pas négliger l'un d'entre eux ou le retarder, et l'adoption du principe de la progressivité réaliste à travers un agenda raisonnable pour la mise en œuvre dans les domaines de l’enseignement, des médias, de la justice, des espaces publics, de la signalisation, de la santé et de l'administration territoriale ;
- La mise en œuvre de la loi organique sur la langue amazighe dans le domaine de l’enseignement en capitalisant sur les acquis réalisés depuis l’année 2003, consistant en l’institution de l’obligation d’enseignement de la langue amazighe, la généralisation de son enseignement horizontalement et verticalement, sa normalisation et son écriture en recourant à son alphabet original le « Tifinagh » ;
- La nécessité de commencer à mettre en œuvre le caractère officiel de la langue amazighe dans les domaines qui ne nécessitent pas beaucoup de temps ou des crédits budgétaires importants, telles que les enseignes des institutions publiques, des établissements semi-publics, des entreprises privées, des commerces, des partis politiques, des associations et des organisations de la société civile, etc. ;
- La nécessité de confier au Conseil national des langues et de la culture marocaines la mission stratégique consistant à définir les orientations générales et les choix majeurs de la politique linguistique et culturelle au Maroc, relatives aux deux langues officielles, l’arabe et l’amazighe, avec leurs dialectes variés, ainsi qu’aux éléments constitutifs de la culture marocaine et ce, dans le cadre de la préservation des acquis réalisés et de la prise en compte des accumulations positives dans ce domaine ;
- La nécessité pour le Conseil national des langues et de la culture marocaines d’œuvrer au développement et la promotion des différentes expressions linguistiques nationales, en coordination avec les institutions compétentes travaillant dans ce domaine qui seront sous l'égide du Conseil, et de veiller à la mise en œuvre des programmes d'action préconisées par ces institutions ;
- afin d’éluder les débats idéologiques stériles qui ne respectent pas la Constitution du pays et ne prennent pas en considération les évolutions constatées, et afin de lui permettre de réaliser ses objectifs et de s'acquitter le mieux de ses missions, il serait nécessaire pour le Conseil national des langues et de la culture marocaines de stipuler, dans la loi portant sa création, la nécessité de respecter les dispositions de la constitution, le référentiel universel relatif aux droits de l’Homme, le processus de réconciliation nationale et la transition démocratique ;
- La nécessité pour le Conseil national des langues et de la culture marocaines d’œuvrer à s’ouvrir sur toutes les composantes, notamment la société civile, et de comprendre dans sa composition des représentants des associations culturelles amazighes ;
- Mobiliser les moyens matériels nécessaires à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe dans tous les secteurs, et la nécessaire mobilisation de toutes les parties en vue de l'encadrement des citoyens à travers les médias et tous les canaux de communication disponibles ;
- La révision du contenu des cursus scolaires et leur épuration de tout ce qui serait contraire au caractère officiel de l’amazighe, en tant qu’identité, langue et culture, et à la politique de promotion de la langue amazighe ;
- Mettre un terme à toutes les formes de ségrégation et aux violations prenant pour cible les représentations de la langue, de l'identité et de la culture amazighes dans tous les domaines, en particulier le domaine de l'état civil où de nombreuses noms continuent toujours à être interdits à l’intérieur du Maroc et au niveau des consulats marocains à l'étranger, et œuvrer à organiser des rencontres d’encadrement en faveur des fonctionnaires exerçant dans ce domaine et ce, à des fins d’information et de communication ;
- Cesser de recourir à l’usage d’expressions et de concepts réducteurs, consacrant l’exclusion et incompatibles avec la constitution du pays et ce, dans les allocutions, les déclarations officielles et les journaux télévisés, et l'adoption de concepts approuvés par la constitution marocaine, tels que « l'Union maghrébine » et « le Grand Maghreb » ;
- L’adoption d'une nouvelle approche en matière de lutte contre l'analphabétisme à travers le recours à l’usage de la langue amazighe pour encadrer les amazighophones dans tous les domaines et notamment dans le domaine de la lutte contre l'analphabétisme dans leurs rangs, ainsi que la lutte contre l'analphabétisme à travers l’enseignement de la langue amazighe aux personnes qui ne sont pas des amazighophones.