Moubdiî :La conjoncture dicte la correction des dysfonctionnements et la maîtrise des hypothèses et leur adéquation avec la situation du Maroc post-Coronavirus
Il a appelé à la mise en place d’un programme d’urgence pour atténuer la problématique de la soif,à la poursuite du soutien des familles démunies tout en intégrant les catégories exclues et à l’accélération de la gestion du dossier des Marocains bloqués à l’étranger
Saliha Boujraf:
Mohamed Moubdiî, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a estimé que la discussion du projet de loi de finances rectificative pour l’année budgétaire 2020 constitue une opportunité précieuse pour reconstruire le Maroc post-Coronavirus, soulignant que la conjoncture dicte la correction des dysfonctionnements et la maîtrise des hypothèses et leur adaptation avec la situation actuelle.
Dans une intervention lors de la discussion du projet de loi de finances rectificative n° 35.20 pour l’année budgétaire 2020, en séance plénière tenue hier lundi à la Chambre des Représentants, M. Moubdiî a précisé que le Maroc d’aujourd’hui et de demain ne peut pas adopter la même démarche que celle qui était en vigueur avant la pandémie, indiquantque le changement passera par la consolidation de la position des médiateurs politiques, syndicaux et associativeset la promotion de leurs rôles constitutionnels en matière d’encadrement et ce, en vue de lutter contre les tentatives de semer le désespoir et de sous-estimer les réalisations et de ne pas laisser la société proie à des agissements politiquesanarchiques.
Moubdiî a affirmé, à cet égard, que « la pandémie a été porteuse de leçons, car elle a révélé les forces et les faiblesses dans notre structure économique et sociale et a levé le voile sur des réalités que toutes les études enjolivées et chèrement payées ont échoué à révéler. Elle a révélé l’existence de plus de 6 millions de familles démunies, soit les deux tiers de la population marocaine, des millions en dehors de toute couverture sociale, un secteur informel large et étendu, des secteurs stratégiques et essentiels qui s’effondrent rapidement face à la pandémie, et surtout unevulnérabilité économique et sociale ».
Moubdiî a ajouté que ce qui est requis aujourd’hui c’est de savoir comment exploiter les forces et remédier aux faiblesses, soulignant que « nous espérions que ce projet de loi de finances rectificatives’engage à apporter des réponses à cette problématique ».
Par ailleurs, M. Moubdiî n’a pas manqué de saluer une série de mesures prévues dans le projet de loi de finances rectificative, visant à accompagner les entreprises nationales et à la fourniture de facilités fiscales et d’incitations pour accéder au financement, malgré le fait que les banques et les différentes institutions de crédit et d’assurance n’ont pas concrétisépleinement leur caractère national et citoyen tout au long de la pandémie et au-delà.
D’autre part, M. Moubdiîa appelé à la protectiondu produit national, au soutien des secteurs générateurs d’emplois, en particulier le secteur du BTP, et à l’augmentation substantielledu volumedes investissements publics.
Le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants a également souligné la nécessité d’accorder davantage d’intérêt aux zones rurales et montagneuses à travers l’adoption d’un plan de développement inclusif basé sur l’équité territoriale, d’activer et de développer le programme de réduction des disparitésterritoriales et sociales, de se départir de la tergiversation politique dans le déploiementde la régionalisation avancée et de mettre enœuvre la charte de déconcentrationadministrative.
Moubdiî a également mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un programme d’urgence pour atténuerla problématique de la soif, affirmant que « l’eau a été le plus grand absent dans leschiffresdu projet de loi de finances rectificative, d’autant plus que plusieurs zones souffrent d’une crise suffocante de raréfaction de l’eau potable et vivent sous le poids d’une soif inéluctable ».
Moubdiî a ajouté, dans ce sens, que « certes,le projet de loi de finances rectificative prévoit l’allocation de 800 millions de DHà l’investissement dans le secteur de l’eau, mais la priorité a été accordée à la sécurisation des besoins de la population existante au niveau des bassins hydrauliques, ce qui n’est pas suffisant pour les populations des zones rurales et oasiennes, qui souffrent aujourd’hui de la pénurie d’eau loin de ces bassins hydrauliques ».
Le député parlementaire haraki a également relevé la faibleportée sociale du projet de loi de finances rectificative, notamment au regard de l’important déficit social dévoilé par la pandémie et des répercussions sociales de l’arrêt de nombreuses activités économiques, soulignant que ce projet a été limité par l’orientation visant à préserver autant que possible les opportunités d’emplois existantes (200.000 salariésn’ont pas encore réintégré leur travail dans le secteur formel) et n’a pas prévu d’indicateurs d’un véritable développement social et de mesures visant à consolider la cohésion sociale.
Moubdiî a appelé à la poursuite du soutien des familles démunies à travers le versement d’une troisième tranche, tout en veillant àl’intégration descatégories qui avaient étéexclues de ce soutien,telles que les agriculteurs, les ouvriers agricoles, les petits commerçants, les membres des coopératives, les éleveurs et les nomades.
Après avoirsalué l’institution du fonds spécial pour la gestion de la pandémie du nouveau Coronavirus, le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentantsa réitérél’appel du Groupe Haraki de consolider les différents programmes et fonds de soutien social dans un mécanisme institutionnel unifié au lieu de les laisser éparpillés entre plusieurs départements ministériels et institutions publiques.
Moubdiî a affirmé, dans ce sens, « nous suggérons la créationdu Fonds national de soutien social s’appuyant sur le Registre social unifié et ce, selon des critères objectifs et équitables plaçant le soutien social loin de toutes les surenchères politiques.
Moubdiî a conclu son intervention en plaidant en faveur de l’accélération de la gestion du dossier des Marocains bloqués à l’étranger et à l’intérieur du pays, notant que ce dossierenregistre une grande confusion et une hésitation incompréhensible, appelant à permettre aux Marocains bloqués à l’étranger de retourner dignement dans leur pays d’origine. De même, M. Moubdiî a exprimé son étonnement des conditions contraignantes et coûteuses qui ont été mises en place concernant le retour des Marocains du monde.