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M. Sbaîi critique l’échec du gouvernement à mettre en œuvre le chantier de la protection sociale

Zineb Abou-Abdellah

M. Mbarek Sbaîi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers, a critiqué les modalités de mise en œuvre par le gouvernement du chantier Royal sociétal relatif à la protection sociale et à l’édification de l’Etat social, relevant la vulnérabilité des composantes et des fondements adoptés pour la mise en œuvre et le financement de ce chantier.

Commentant l’exposé du Chef du gouvernement, M. Aziz Akhannouch, sur la politique générale relative à la consécration des fondements de l’équité et de la protection sociale, présenté lors de la séance mensuelle tenue le mardi 27 mai 2025 à la Chambre des Conseillers, M. Sbaîi a souligné que les politiques publiques ne font pas la distinction entre les indicateurs de croissance et les enjeux de développement, ni entre la gestion des crises et l’innovation de solutions pour les surmonter et traiter leurs causes et facteurs.

Dans ce contexte, M. Sbaîi a affirmé « un registre social basé sur les revenus a été adopté, ce qui est une bonne chose. Cependant, le soutien social direct a été fondé sur des indicateurs en lien avec les dépenses des individus et des familles et les déclarations, ce qui nous place devant des indicateurs variables qui changent quotidiennement, comme le taux de glycémie et la tension artérielle. Ce qui fait que cet enjeu social devient tributaire d’un processus technique, au lieu d’être un droit constitutionnel garantissant une vie décente, le devoir d’assurer l’accès à la santé, à l’éducation, au logement et l’égalité des chances pour tous les citoyens et citoyennes.

Le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers a souligné que les citoyens sont désormais otages de seuils creux et sourds, qui fait qu’ils sont devenus réticents à prendre des initiatives pour ne pas sortir du seuil de pauvreté et rejoindre la catégorie de la vulnérabilité, et pour ne pas perdre ce seuil minimum et être injustement comptés parmi la classe moyenne déjà bridée. Ainsi, les pauvres du pays, ceux qui sont sans revenus et sans emploi, sont devenus de simples chiffres virtuels, alors que la pauvreté et la vulnérabilité ne sont pas une fatalité, mais plutôt des créations politiques et humaines.

Dans le même contexte, M. Sbaîi s’est interrogé sur le sort des promesses du gouvernement concernant le revenu de la dignité, consistant à verser 1.000 dirhams à chaque personne âgée avant la fin de son mandat, la carte de soins intelligente qui ouvre gratuitement les portes des pharmacies et des hôpitaux aux citoyens et un médecin pour chaque famille alors que les citoyens ne trouvent souvent pas de médecin dans les hôpitaux universitaires, et encore moins dans les hôpitaux provinciaux ou locaux.

Le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers a également soulevé la problématique du financement des chantiers sociaux, s’interrogeant sur ses sources et ses modalités qui permettraient au gouvernement d’assurer la pérennité du financement, d’autant plus que le plafond est fixé à 51 milliards de dirhams par an à compter de l’année en cours. Il a indiqué que plus de la moitié de ce financement provient des poches des adhérents et des citoyens, le reste provenant du budget de l’Etat, précisant que les contributions et les cotisations sont en fait en-deçà des attentes, compte tenu de l’expansion du secteur informel, de la réticence des professions libérales à adhérer et de la hausse du chômage et des pertes d’emplois.

M. Sbaîi a également interpellé le Chef du gouvernement au sujet de la généralisation des régimes de retraites, des pensions et des indemnités de perte d’emploi, ainsi que sur la vision du gouvernement pour la mise en œuvre de ces deux chantiers et les modalités de leur financement.

Le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers a conclu son intervention en appelant à bâtir le chantier de la protection sociale sur des indicateurs régionaux équitables tenant compte des disparités territoriales et sociales. Il a également appelé à unifier le système de protection sociale, dont la gestion est fragmentée entre quatre départements gouvernementaux sans vision unifiée, à fusionner les agences, institutions et les fonds intervenant dans le secteur social, à établir une corrélation entre la responsabilité et la reddition de comptes et à améliorer la gouvernance et la gestion des fonds et des institutions intervenant dans l’assurance maladie et la retraite.

M. Sbaîi a également appelé à l’exploitation des marges budgétaires pour sauver les caisses de retraite, en évitant tout augmentation de l’âge de départ à la retraite des fonctionnaires et des salariés et ou des cotisations qu’ils devraient verser.

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