Aliae Riffi
M. Mohamed Ouzzine, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a critiqué la nouvelle mouture du gouvernement après restructuration, affirmant : « conformément au choix stratégique pour lequel a opté le Mouvement Populaire depuis 2021, en tant que composante essentielle de l’opposition nationale et institutionnelle, sincère et constructive, notre ambition était plus grande qu’un remaniement technique de la composition du gouvernement ».
Commentant le remaniement gouvernemental intervenu mercredi dernier, M. Ouzzine a ajouté que « le remaniement que nous espérions était que les partis représentés au sein gouvernement révèlent qu’il s’agit bien d’un gouvernement social qui mérite de porter le slogan de l’Etat social, sachant que ce gouvernement, dans sa première mouture, n’a pas réussi à porter ce slogan. Or, la composition du gouvernement, dans sa deuxième mouture, est porteuse de tous les indicateurs qu’il demeurera otage des conditions de sa naissance. En effet, c’est un gouvernement qui enclenche des tensions et traite les crises et résiste aux conjonctures en faisant preuve d’entêtement, en recourant aux crèmes et en provoquant des affrontements avec d’autres institutions, instances et catégories. C’est un gouvernement dominé par la logique du ‘‘sapeur-pompier’’ plutôt que l’approche proactive, sans apporter de solutions durables à la protection et au développement sociaux durables ».
M. Ouzzine a ajouté : « au-delà de de contenter du diagnostic, qui n’a jamais été un comportement haraki, et après le remaniement tant attendu que les Marocains souhaitaient comme un ‘‘événement politique’’, un ‘‘choc de transformation’’ et un ‘‘choc d’éveil politique du gouvernement’’, nous avons tous été surpris par l’inflation qu’a connu l’effectif du gouvernement, qui est passé de 24 ministres à 30 ministres, en faisant prévaloir la logique des accommodements au détriment des équilibres budgétaires ! ».
M. Ouzzine a précisé, par ailleurs, que « ce que nous attendions et attendons toujours, c’est une révision substantielle du programme gouvernemental que les défis du contexte, les aspirations des citoyens et citoyennes, ainsi que le son de leurs gémissements sous la pression de la hausse des prix et du déficit hydrique ont prouvé qu’il est hors-sujet et loin de l’horizon stratégique dont les fondements ont été établi par notre pays grâce à la sage Vision du Souverain ».
M. Ouzzine a considéré qu’« après trois ans d’exercice, de confusion gouvernementale et d’incapacité à traduire les politiques générales de l’Etat en politiques publiques sectorielles efficaces et impactantes, nous sommes surpris du maintien de la même architecture gouvernementale sans le moindre changement, sauf à prévoir des extensions au sein et à l’intérieur des mêmes départements ministériels pour gérer les ambitions personnelles et les calculs partisans étriqués. En effet, le sport n’est encore qu’une direction sectorielle dans les couloirs du ministère de l’Education nationale, en dépit des enjeux et des prochaines échéances footballistiques. La communication a perdu son ton gouvernemental, malgré un aveu explicite des partis composant le gouvernement de l’échec de leur politique de communication ! Et les zones rurales, montagneuses et forestières, qui méritaient au moins que l’on leur consacre un ministère délégué auprès du Chef du gouvernement, sont restées en dehors de la nouvelle architecture gouvernementale ».
Le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a ajouté en affirmant « puisque les personnes ne sont que de passage et que les institutions demeurent, il est bien évidemment difficile de saisir les messages du gouvernement dans le domaine de la gestion des secteurs sociaux stratégiques, tels l’éducation nationale et la santé ».
D’autre part, M. Ouzzine a noté que « le remaniement, tel que souhaité par le Mouvement Populaire, aurait été un remaniement qui restaure la profondeur politique du gouvernement, perdue depuis sa naissance. Or, la nouvelle mouture du gouvernement, à quelques exceptions très limitées, révèle que le gouvernement est encore résigné à l’option de chercher des solutions technocratiques à des questions et des dossiers ayant une sensibilité politique et sociale complexe, d’autant plus que nous nous apprêtons à discuter le dernier projet de loi de finances dans la vie politique du gouvernement, qui n’a apporté, à son tour, aucune réponse à des problématiques profondes, telles que le stress hydrique et les tentatives d’immigration massive des jeunes ».
M. Ouzzine a affirmé, par ailleurs, « aucune solution n’a été apportée pour promouvoir l’emploi et lutter contre le cancer du chômage qui se propage dans les rangs des hommes et des femmes de demain et ce, malgré les messages des tentatives d’immigration collectives qui ont retenir à Fnideq. Aucune recette convaincante n’a été proposée pour instaurer une justice fiscale et une véritable équité territoriale. Aucune solution n’a été innovée pour relancer et renforcer l’attractivité des investissements et réduire l’hémorragie de la faillite des entreprises toutes catégories confondues. Aucune vision n’a été élaborée pour une mise en œuvre effective du Maroc constitutionnel dans le domaine du pluralisme linguistique et culturel et de la réhabilitation de la langue amazighe. Aucune nouveauté s’agissant du déploiement de la nouvelle génération de la régionalisation avancée, si ce n’est un signal financier très limité en matière de gestion de la valeur ajoutée allouée aux collectivités territoriales, sans une vision réformatrice qui place l’être humain et le territoire au cœur de l’édification du Maroc des Régions dans le cadre de l’unité de la patrie et du territoire ».
De même, M. Ouzzine a relevé l’exclusion des zones rurales, montagneuses et oasiennes des priorités du gouvernement malgré les messages lancés par le tremblement de terre, les inondations, les incendies de forêt et les cris des citoyens et des citoyennes.
M. Ouzzine n’a pas manqué de féliciter les ministres qui ont été nommés ou reconduits dans la deuxième mouture du gouvernement pour la haute confiance de Sa Majesté le Roi, leur souhaitant plein succès dans leurs fonctions au service du Maroc des institutions et de l’intérêt général, affirmant « au sein de l’école harakis, nous faisons prévaloir toujours le Maroc des institutions et nous réaffirmons que le parti du Mouvement Populaire continuera à soutenir toute initiative gouvernementale bénéfique pour la patrie et les citoyens. En revanche, nous continuerons toujours à affronter toutes les manifestations et décisions de nature à engendrer le désespoir et la frustration, que l’actuel gouvernement persiste à en semer les graines et en attiser les flammes ».
Le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a conclu sa déclaration en affirmant « en attendant que soient révélées les performances du gouvernement, au titre de ses moutures initiale et nouvelle, nous construirons nos positions, aspirant à ce que le gouvernement prouve qu’il a effectivement changé sa vision, ses programmes et son mauvais comportement politique. Nous serons alors les premiers à soutenir sa transformation structurelle et fonctionnelle. Mais, si le gouvernement choisit de persister dans son errance habituelle, loin des enjeux de l’horizon marocain commun et des enjeux du nouveau modèle de développement du Maroc qui est toujours absent dans sa vision, son comportement et ses calculs, le gouvernement nous retrouvera devant lui, déterminés à lui faire face en vue de service de l’avenir d’un Maroc dont nous chérissons les sacralités, les constantes et les intérêts de son peuple ».