Aliae Riffi
M. Mohamed Ouzzine, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a vivement critiqué le « gouvernement des compétences », relevant la contradiction flagrante entre les grands slogans que ce gouvernement annonce et les problématiques concrètes dont souffrent les citoyens marocains.
M. Ouzzine, qui était l’invité de la Fondation Lafqui Titouani dans le cadre d’un débat, tenu le mardi 04 mars 2025 et consacré aux derniers développements du paysage politique marocain et à ses problématiques d’actualité, a affirmé que « les Marocains ne profitent pas aujourd’hui de leurs richesses, alors que le gouvernement exporte jusqu’à 70% de nos poissons, légumes et fruits », ajoutant que l’étrange paradoxe est que les milliards des recettes d’exportation sont réalisés au détriment du pouvoir d’achat du citoyen.
M. Ouzzine a poursuivi en affirmant que « 83% des Marocains reconnaissent et admettent que leurs conditions de vie se sont détériorées et que l’inflation a atteint des niveaux sans précédent dépassant 20% », soulignant que « pour la première fois dans l’histoire du Maroc, les taux d’inflation et de chômage ont atteint le même niveau ».
M. Ouzzine a ajouté « nous sommes partis avec l’obsession d’être des pionniers dans ce domaine, et personne n’a attiré notre attention lorsque que nous nous sommes mis à produire et à gaspiller l’eau et à l’exporter vers l’Europe ».
Dans le même contexte, le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a exprimé son étonnement face à la non-prise par le Chef du gouvernement de la décision de plafonnement des prix des hydrocarbures, sur la base de ce que la loi sur la liberté des prix et de la concurrence lui permet à cet égard, qualifiant le Conseil de la Concurrence de « Conseil de la paresse ».
M. Ouzzine s’est interrogé à cet égard « qui empêche le Chef du gouvernement de plafonner les prix des hydrocarbures depuis deux ans, sachant que la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, notamment son article 4, l’y autorise », rappelant que le parti du Mouvement Populaire avait appelé à la création d’une commission parlementaire de vigilance pour surveiller les prix ; une proposition qu’ils ont rejetée.
M. Ouzzine a ajouté que la deuxième mesure proposée par le Mouvement Populaire consiste à inciter toutes les compagnies d’hydrocarbures, qui ont bénéficient actuellement de marges bénéficiaires mirobolantes, à réduire ces marges.
Par ailleurs, M. Ouzzine a souligné que la mémoire des Marocains n’oubliera jamais que durant l’ère du plan « Generation Green » et du Maroc de la Coupe du Monde, le cheptel a disparu des zones rurales et montagneuses, le rite du sacrifice de l’Aïd Al-Adha a été annulé, l’équilibre a été perturbé, la roue de l’agriculture a été brouillée, le cheptel national s’est effondré à un rythme alarmant et a les rêves des Marocains d’une vie décente se sont évaporés.
M. Ouzzine a poursuivi « le gouvernement prépare la Coupe du monde, alors que les victimes du tremblement de terre d’Al-Haouz vivent toujours en plein air, luttant contre le froid glacial dans des tentes de fortune et dans des conditions inacceptables pour la dignité marocaine », affirmant « nous assistons toujours à la survenance de la rougeole, qui s’est même transformée en épidémie, après avoir enregistré 25.000 cas et 120 décès dus à la maladie ».
D’autre part, le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a critiqué l’atteinte à ce qui restait du capital confiance des citoyens et la création d’une nouvelle classe de politiciens et d’hommes d’affaires au détriment du militantisme, affirmant que «la politique dans le pays vit actuellement une mort clinique des milieux classiques d’une manière sans précédent » et indiquant que le mode selon lequel la politique est exercée aujourd’hui s’inscrit sous le thème « l’arrivisme, l’opportunisme, le caméléonisme et la prédation ».
M. Ouzzine a ajouté « c’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui, à travers les atermoiements et les tergiversations, qui ont conduit à l’inhumation de la politique et à ce que l’acteur politique devienne un simple figurant, qui se contente, voire se pavane, du rôle du muet silencieux ».
M. Ouzzine a affirmé, en outre, que « l’absence d’un débat sérieux au sein des institutions officielles a conduit à ce que le dialogue politique migre vers les plateformes de médias sociaux, qui constituent désormais un espace de libre expression de l’opinion publique et de soumission des véritables questions, notant que ce changement, bien qu’il reflète une dynamique sociétale, soulève en même temps des questions sur l’utilité des institutions politiques si elles sont incapables d’abriter le débat public et de formuler des solutions concrètes aux problèmes soulevés ».
M. Ouzzine a conclu son intervention en soulignant la nécessité de réhabiliter l’action politique noble, à travers le rétablissant de la confiance entre les citoyens et les institutions et la présentation d’alternatives réalistes qui répondent aux attentes des Marocains.
