Quelle est la valeur ajoutée de la visite du ministre de la Santé et de la Protection sociale à l’hôpital provincial de Tinghir, vu qu’il sait pertinemment que cet établissement hospitalier est opérationnel depuis février dernier ? Est-il venu avec des médecins généralistes et des spécialistes pour combler les places vacantes dans les vastes bâtiments de l’hôpital ? Et avec des cadres pour faire fonctionner les équipements médicaux constamment en panne ? Ou est-il venu réaliser un exploit politique en s’appropriant la mise en place d’un établissement médicale qui avait été réalisé par le gouvernement précédent ?
A-t-il ouvert un débat public avec les représentants de la population de la province, à savoir les instances élues et la société civile, pour savoir avec certitude que les habitants de 25 communes rurales sont désormais contraints de contracter avec les maladies ou d’être déportés de force à Ouarzazate et Errachidia, au mieux, ou à Marrakech et Fès, après être passés par l’hôpital régional d’Errachidia, dépassé lui aussi ?
Pour mémoire et pour l’histoire, j’écris cette lettre à qui de droit, car j’ai vécu des années auparavant l’expérience du décès de mes deux parents, que Dieu leur accorde Sa miséricorde, dans des conditions tragiques faute de la disponibilité d’une bouteille d’oxygène à l’hôpital de Tinghir après leur déportation forcée vers Ouarzazate et Errachidia. C’est avec la même angoisse que j’ai récemment vécu le calvaire de l’admission d’un migrant âgé dans le nouvel hôpital de Tinghir, dont l’inauguration par le ministre a été filmée grâce à la technique du VAR politique, car il n’y avait ni accueil, ni services, ni soins médicaux. L’affaire s’est terminée dès notre arrivée, et nous avons été contraints de déporter le patient ayant mal à la colonne vertébrale, sans même que personne ne puisse le transporter jusqu’à sa voiture personnelle qui se trouvait à l’extérieur de l’hôpital, n’eusse été la bonne volonté d’un certain personnel hospitalier, qui comprend toujours le sens de la dignité du patient et ne se soucie pas de son origine, de son appartenance tribale ou territoriale !
Bref, cessons d’hypothéquer l’avenir du système de santé, qui a perdu son caractère public sous ce gouvernement dans notre patrie, ainsi que dans l’étendue Province de Tinghir ainsi que dans d’autres provinces de la région et du pays, par des calculs électoralistes étriqués et des visites de fanfaronnade inutiles et inefficaces ! Grande est la différence entre le temps électoral et le temps du développement, entre la politique générale de l’Etat et les politiques publiques du gouvernement et des collectivités territoriales !
Grande est la différence aussi entre ce qui constant et ce qui et variable, entre l’authentique et l’éphémère ! L’histoire marque de ses empreintes ceux qui prétendent avoir foi ou feignent avoir foi en une rupture illusoire, ou considèrent, pour la forme ou par conviction, que le Maroc profond, avec sa monarchie ancestrale et son histoire multiséculaire, qui sait d’où il vient et où il va, n’a commencé qu’en 2021, et c’est tout !
