L’ensemble des participants, à savoir des acteurs académiques, politiques et de défense des droits de l’Homme, ont été unanimes, le samedi 08 mars 2025 à Rabat, à souligner que le chantier de réforme du Code de la famille constituera un saut qualitatif dans le processus de renforcement de la cohésion de la famille et de sa sauvegarde de la désintégration, notamment à la lumière des transformations sociales.
Les participantes à la table ronde organisée par l’Organisation des Femmes Harakies sous le thème « La famille marocaine, entre les valeurs religieuses, les coutumes sociales et les transformations sociétales : Quel équilibre dans le contexte de la modernité et de la mondialisation ? » ont noté que les outputs de la révision du Code de la famille, contrairement à ce qui est colporté par certains, ont inclus des amendements équitables et importants en faveur de la famille, qui constitue le noyau de la société et l’âme de toutes les réformes.
Mme El Gour : Il y a une « pandémie familiale » qui nécessite un traitement
A cette occasion, Mme Khadija El Gour, Présidente de l’Organisation des Femmes Harakies, a considéré que la célébration du 08 mars constitue une occasion pour évaluer les réalisations accomplies et relever les exigences et les défis, soulignant l’importance de la famille et la nécessité de son renouvellement de manière à promouvoir les valeurs de solidarité, de synergie et d’entraide.
Mme El Gour a indiqué que le choix du thème débattu découle de la conviction de l’Organisation des Femmes Harakies que le débat en cours autour du Code de la famille ne doit pas se limiter à l’évocation des dispositions de la loi et des modalités de sa mise en œuvre, mais plutôt s’étendre à l’échange de points vues sur les valeurs fondatrices de la famille marocaine à la lumière des transformations sociales.
Mme El Gour a poursuivi « certes, la révision du Code de la famille a constitué une véritable avancée, mais elle ne suffit plus à elle seul, car l’expérience a mis en évidence certaines lacunes qui entravent le parachèvement de la réforme et la réalisation des objectifs escomptés. C’est pourquoi, les discussions qui ont lieu entre les différents acteurs et parties constituent une occasion précieuse pour enrichir les perceptions et les visions, dans le but de parvenir à la formulation d’un Code de la famille équilibré et équitable, qui tienne compte des droits de toutes les composantes de la société, qu’il s’agisse des femmes, des hommes ou des enfants ».
Par ailleurs, la Présidente de l’Organisation des Femmes Harakies a souligné que malgré ce qui a été réalisé sur le plan législatif, les faits révèlent qu’il existe une « pandémie familiale » qui nécessite un traitement.
A cet égard, Mme El Gour a évoqué des chiffres effrayants concernant l’augmentation des cas de divorce, la baisse du taux de fécondité, l’augmentation du taux de célibat, le déclin de l’autorité parentale et des changements comportementaux au sein de la famille, qui nécessitent la restauration du système de valeurs familiales.
M. Laenser : Le nouveau Code de la famille se soucie de revêtir ses dispositions et ses finalités d’un cachet familial
Pour sa part, M. Mohand Laenser, Président du parti du Mouvement Populaire, a entamé son intervention en adressant des félicitations aux femmes harakis, aux femmes marocaines et à toutes les femmes du monde entier à l’occasion de leur journée internationale, saluant le choix du thème débattu et affirmant « certes, nous parlons des droits des femmes, mais nous parlons rarement des droits de la famille, même si cette dernière est le noyau de la société ».
M. Laenser a rappelé que le parti du Mouvement Populaire accorde une grande importance à l’approche progressive des réformes familiales pour parvenir à des solutions consensuelles qui garantissent la stabilité de la famille et la protection des droits des femmes et des enfants, soulignant que le nouveau Code de la Famille se soucie de revêtir ses dispositions et ses finalités d’un cachet familial.
M. Laenser a affirmé que la démarche du parti ne vise pas un alignement idéologique réactionnaire ou une ouverture permissive, mais s’inscrit plutôt dans une vision harakie issue d’un terroir marocain authentique et s’appuie sur un référentiel imprégné des valeurs marocaines authentiques qui sont encadrées par les finalités de la Chariâa islamique, tout en tenant compte des engagements du Maroc à l’égard des chartes et des pactes internationaux qui sont conformes à la constitution du Royaume.
Par ailleurs, M. Laenser a mis l’accent sur la nécessité d’accorder une attention particulière à la famille car elle constitue le refuge et le lieu sûr de ses membres, notant que le débat en cours sur le Code de la famille est sain et nécessaire, car il reflète la vitalité de la société et sa volonté de développer son arsenal juridique pour qu’il soit en phase avec les transformations sociales, économiques et culturelles.
Cette table ronde, à laquelle ont pris part des universitaires et des acteurs politiques et de défense des droits de l’Homme, a été ponctuée par plusieurs interventions, à savoir « Analyses des amendements au Code de la famille sous l’angle de la Chariâa islamique » présentée par Dr Abdenbi Al Aïdoudi, Professeur chercheur en sciences religieuses et politiques, « La famille face aux défis actuels et l’application des conventions internationales » présentée par Mme Fatima-Zahra Attaq, Professeure chercheur en sciences de la communication politique et analyse du discours social, « L’évolution structurelle et fonctionnelle de la famille marocaine, entre les référentiels et les perspectives de la réforme » présentée par M. Addi Sbaîi, chercheur en sciences sociales, « La famille marocaine, entre les courants modernistes et conservateurs » présentée par Dr Moulay Al Houssein Raji, Professeur chercheur en sciences juridiques, avocat et militant associatif, et « Pour une famille équilibrée, stable et levier de la citoyenneté et du développement » présentée par M. Ahmed Assid, Professeur chercheur dans les questions démocratiques et de droits de l’Homme.
Dans ce contexte, les intervenants ont évoqué les caractéristiques des amendements proposés qui portent principalement sur l’obligation d’obtenir l’autorisation de l’épouse lorsque son mari a l’intention d’épouser une autre femme, la non-révocation de la garde des enfants pour la mère divorcée lorsqu’elle se marie une deuxième fois et la reconnaissance que l’exécution des tâches ménagères par l’épouse est un travail non rémunéré qui constitue une contribution à la constitution du patrimoine acquis durant la période du mariage.
Les intervenants ont également soulevé la problématique de l’article 400 du Code de la famille, qui stipule la nécessité de se référer à la jurisprudence du rite malékite en l’absence d’un texte juridique qui encadre une question particulière, tout en veillant à faire prévaloir les valeurs de l’Islam en termes de justice, d’égalité et de bonne cohabitation.
Les participants ont conclu que la question de la réforme du Code de la famille est importante et que cette réforme doit obéir aux principes de l’’accumulation et de la gradualité, de manière à être en ligne avec le caractère de « Tamaghrabite » (Marocanité).