Saliha Boujraf – photofraphe / Noufal
M. Mohamed Ouzzine, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a critiqué, le mercredi 14 mai 2025 à Rabat, la manière selon laquelle le secteur de l’enseignement et de l’éducation est réformé au Maroc, affirmant « ce secteur souffre toujours de dysfonctionnements structurels, qui ont transformé les promesses de généralisation, de démocratisation et d’amélioration en de simples slogans n’ayant aucun rapport avec la dure réalité ».
Dans une intervention lors de la journée d’étude organisée par le Groupe Haraki à la Chambre des Représentants sous le thème « Transformation des politiques éducatives : quelle structuration de la gestion publique à la lumière des défis sociétaux actuels ? », M. Ouzzine a noté que le problème de l’enseignement et de l’éducation au Maroc est structurel et a un impact majeur sur le développement dans son acception globale.
Dans ce sens, M. Ouzzine a souligné que la véritable réforme escomptée requiert la franchise, l’audace et la reconnaissance de l’échec des réformes antérieures, ainsi que l’aboutissement à un accord et à un consensus sur le fait que la réforme du secteur de l’enseignement et de l’éducation est une question nationale qui ne doit pas faire l’objet d’une instrumentalisation idéologique.
M. Ouzzine a assuré, à cet égard, que les véritables solution et alternative résident dans la promotion d’une école marocaine qui garantit la stabilité des politiques éducatives et qui est étroitement liée aux besoins de la société et du marché du travail, tout en renforçant les compétences et les aptitudes de vie et digitales.
M. Ouzzine a ajouté « certes, la réforme a été le thème qui a prédominé depuis l’indépendance et chaque responsable de passage essaie d’avoir son mot à dire dans la réforme du système, alors que la réforme de la crise s’est transformée au fil du temps en une crise de réforme », faisant référence à la multiplicité des programmes et des projets, mais le résultat est le même « du bruit et aucun effet ».
M. Ouzzie a assuré, à cet égard, que la vision stratégique 2015-2030 et la loi-cadre 17.51 constituent une alternative à l’échec du slogan « Pour une école d’équité, de qualité et de progrès », affirmant « nous accumulons les expériences et changeons de manière anarchique les programmes et les curricula, loin de toute approche participative impliquant les spécialistes ».
M. Ouzzie a assuré, à cet égard, que la vision stratégique 2015-2030 et la loi-cadre 17.51 constituent une alternative à l’échec du slogan « Pour une école d’équité, de qualité et de progrès », affirmant « nous accumulons les expériences et changeons de manière anarchique les programmes et les curricula, loin de toute approche participative impliquant les spécialistes ».
Par ailleurs, M. Ouzzine, qui est également Vice-président de la Chambre des Représentants, s’est interrogé sur le sort et les résultats de programmes et de projets, tels que le programme « Tayssir » pour le soutien de la scolarisarion et la pédagogie inclusive, notant que les résultats sont très clairs comme en témoignent la hausse du taux d’abandon scolaire, notamment dans les zones rurales, la baisse du niveau des élèves en langues et en mathématiques selon les rapports internationaux et la grande disparité entre la qualité de l’enseignement dans les secteurs public et privé. M. Ouzzine a affirmé, dans ce sens, « tous les Marocains n’ont pas les moyens de payer l’enseignement de leurs fils et filles dans le secteur privé ».
D’autre part, M. Ouzzine estime qu’il n’y pas de mal à s’inspirer des expériences des pays qui ont réussi à faire de l’éducation un moteur clé du développement, indiquant que l’expérience rwandaise est passée d’un état de ruine à un état de développement du capital humain, surmontant les répercussions d’une guerre dévastatrice et d’un génocide qui ont conduit à l’effondrement du système éducatif, qui a réalisé par la suite un sursaut et a habilité le pays à devenir un modèle continental prometteur en matière de développement rapide.
M. Ouzzine a cité également l’expérience singapourienne, qui a fait de l’école un véritable moteur de la renaissance économique en adoptant l’option d’investir dans le capital humain comme clé du développement, relevant que Singapour caracole, aujourd’hui, en tête du classement PISA d’évaluation des capacités en lecture, en mathématiques et en sciences.
M. Ouzzine a souligné, à cet égard, que notre pays dispose également des ingrédients fondamentaux pour réussir dans tous les chantiers : la stabilité politique et une Vision Royale stratégique.
M. Ouzzine a conclu son intervention en mettant l’accent sur la nécessité de réformer le secteur de l’enseignement et de l’éducation, non pas en le réduisant à un simple secteur de services, c’est-à-dire qui fournit des services consistant à accueillir des garçons et des filles pendant une période quotidienne sans aucune perspective d’avenir, mais plutôt en tant que projet sociétal pour le développement du capital humain.
Le Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire a précisé que cela demeure tributaire de l’existence d’une véritable volonté politique qui rompt avec l’improvisation dans la mise en œuvre, la programmation et la planification et la démarche des réformes conjoncturelles, afin de redonner à l’école marocaine son statut de levier fondamental du développement, du progrès, de la justice sociale et de l’égalité des chances pour tous.
Il est à noter que l’ouverture des travaux de cette journée d’étude, qui intervient dans un contexte de mutations sociétales rapides caractérisées par la transformation numérique, les pressions budgétaires, les disparités territoriales et les contraintes d’inclusion, a été marquée par la participation de M. Rachid Talbi El Alami, Président de la Chambre des Représentants, de M. Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, et de plusieurs députés parlementaires, experts et professeurs d’université marocains et étrangers et étudiants, en plus d’acteurs syndicaux et de la société civile.
A l’ouverture des travaux de cette journée d’étude, M. Driss Sentissi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a prononcé une allocution de bienvenue, dans laquelle il a souligné que cette journée d’études s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres scientifiques qualitatives organisées par le Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, étant convaincu de l’importance de l’ouverture sur toutes les composantes de la société comme levier fondamental de l’amélioration de l’action législative.
Cette rencontre scientifique et institutionnelle, organisée par le Groupe Haraki à la Chambre des Représentants en partenariat avec l’Université Mohammed V de Rabat et des institutions universitaires internationales, vise à débattre de la dynamique de la réforme éducative contemporaine à travers quatre axes principaux, dont le premier aborde « les transitions dans la gestion des affaires publiques, du nouveau modèle d’administration publique vers des formules plus collaborative et plus adaptatives avec les transformations ». Le deuxième axe porte sur « les transformations de l’enseignement supérieur en Europe, à travers une analyse critique du processus de Bologne et de sa théorie actuelle ». Le troisième axe porte sur « la gouvernance, l’orientation et la gestion du système éducatif au Maroc, entre centralisation stratégique et décentralisation opérationnelle ». Le quatrième axe aborde « la participation des acteurs éducatifs et l’aspiration à la justice sociale : prospection de la construction d’un modèle plus inclusif pour la gestion des affaires publiques éducatives ».
Cette rencontre scientifique et institutionnelle a été clôturée par l’émission de plusieurs recommandations qui serviront de plateforme essentielle pour le lancement d’une véritable réforme du système d’enseignement et d’éducation.