Dans un communiqué publié par le parti :

Le Mouvement Populaire note l’incapacité du gouvernement à trouver des solutions pour réduire la hausse des coûts de la vie et des prix des hydrocarbures
Le parti appelle le gouvernement à réviser ses plans économiques et sociaux pour corriger son cap
Dans le cadre de la série de ses réunions régulières, le Bureau politique du parti du Mouvement Populaire a tenu sa réunion ordinaire, le lundi 20 mars 2023, sous la présidence du Secrétaire général du parti, M. Mohamed Ouzzine, et en présence du Président du parti, M. Mohand Laenser.
Cette réunion a été consacrée à la poursuite de l’impulsion de la nouvelle dynamique organisationnelle et politique que le parti a mis en place depuis son 14ème Congrès national et ce, via la prise des dispositions organisationnelles nécessaires pour parachever la structure centrale, mettre en place la nouvelle génération d’organisations locales, provinciales et régionales et préparer les congrès et assemblées générales des organisations parallèles dans le respect des délais définis par le Conseil national du parti lors de sa dernière session.
Sur le plan politique, la réunion a consacré l’essentiel de son ordre du jour à l’évaluation du bilan de l’action du gouvernement après l’expiration du tiers de son mandat et à la formulation des positions et des alternatives du parti, à savoir :
Critiques et suggestions pour corriger les échecs du gouvernement des compétences :
Premièrement : Le parti note que le gouvernement de l’inflation des slogans et des justifications a prouvé son incapacité avérée à faire face à l’inflation résultant de la hausse du coût de la vie et des prix des hydrocarbures, et l’appelle à recourir au remède du réalisme politique, qui est le meilleur vaccin.
Dans ce cadre et contrairement aux allégations du gouvernement au sujet son déficit de communication et son marketing limité, le parti souligne que les faits révèlent le caractère fallacieux des slogans et des justifications, l’échec des mesures gouvernementales annoncées et son incapacité à limiter la poursuite de la flambée des prix des légumes et des produits alimentaires de base. En effet, les exonérations des droits de douanes sur les importations de viande et la suppression de la valeur ajoutée n’ont pas fonctionné n’ont pas permis de réduire les prix. A cela s’ajoute l’absence d’une alternative gouvernementale au profit des éleveurs marocains, d’autant plus que nous sommes à quelques mois de l’Aïd Al-Adha. De même, la réduction des exportations de légumes de base, qui n’a concerné que les marchés africains, n’a pas eu d’impact sur l’exacerbation de la hausse de leurs prix sur les marchés, sauf dans Les déclarations des membres du gouvernement des compétences et sur les ondes des chaînes de radios et des télévisions ! Où est donc sa promesse relative à la stabilité du marché et à la baisse des prix avant le Ramadan ? !
En conséquence, le Mouvement Populaire réitère son appel au gouvernement pour qu’il reconnaisse son échec lamentable face à ces crises et l’inefficacité de ses solutions de rapiéçage fondées sur les atermoiements et le prolongement de la crise économique et sociale. Le parti appelle également le gouvernement à revoir sa politique budgétaire caractérisée par son approche comptable étriquée à travers l’adoption d’une loi de finances rectificative qui reconsidère l’ordre des priorités et oriente les efforts vers la préservation des indicateurs et des équilibres macro-sociaux et l’affermissement de la paix sociale, au lieu de se ruer derrière les devises à travers l’exportation des denrées alimentaires des Marocains et le travestissement des indicateurs macro-économiques qui n’ont aucun effet sur les poches et la table des familles marocaines.
Le Mouvement Populaire considère que le redressement de cette trajectoire gouvernementale qui s’écarte même des engagements indiqués dans sa déclaration passe par l’institution d’un soutien direct au profit des familles nécessiteuses et des catégories vulnérables et l’exploitation des marges de manœuvre offertes par la loi de finances, telle que le gouvernement a l’habitude de le faire, à travers l’octroi d’exonérations fiscales temporaires, notamment au titre de la taxe sur la valeur ajoutée appliquée aux denrées alimentaires et de base, et le plafonnement temporaire des prix des hydrocarbures sur la base des dispositions des articles 3 et 4 de la loi sur la liberté des prix et la concurrence.
Deuxièmement : Le parti considère que le gouvernement est appelé à revoir son plan économique et social et à corriger sa trajectoire avant la confiance soit perdue dans ce qui reste de cette trajectoire
Certes, la crise actuelle, que le gouvernement, avec sa majorité atypique et domestiquée, dans son coma politique, s’obstine à ignorer, a des racines internationales et géostratégiques. Toutefois, le parti du Mouvement Populaire souligne, en même temps, que ce sont la vulnérabilité de politique économique et sociale du gouvernement et la faiblesse de ses politiques publiques et générales qui ont fourni le climat favorable à l’approfondissement de cette crise et à son expansion dans les articulations de l’économie nationale et dans la structure de la société.
Le parti souligne également que certes ce gouvernement est né d’une semence politique, mais sa dépendance de l’approche technocratique dans sa composition et sa performance l’a rendue dépourvu du sens de l’initiative politique et de la production de solutions pratiques capables de dépasser le tunnel de la crise, sachant que la conjoncture difficile exige d’un gouvernement capable d’affronter la crise, ce qui ne serait pas possible au regard d’un gouvernement dépourvu d’une empreinte politique, voire incapable de justifier ses choix et de communiquer à leur sujet.
Sur cette base et de par la position du parti au sein de l’opposition nationale responsable et soucieuse de défendre l’intérêt du pays et de son avenir, et qui œuvre sur le terrain et au sein des institutions et ne recourt pas à la mobilisation d’influenceurs et d’influenceuses pour cacher ses rides comme le fait la majorité errante, le Mouvement Populaire appelle le gouvernement à revoir ses plans économiques et sociaux dont l’échec est avéré, à œuvrer pour recouvrer son immunité politique perdue et caractérisée par sa vulnérabilité, et à affiner son discours et à vacciner le corps souffrant de sa majorité numérique contre le virus de l’euphorie suite à sa petite victoire lors d’une échéance électorale passagère qui ne pourrait hypothéquer l’avenir du pays, ni justifier la censure des droits légitimes des citoyennes et citoyens et la confiscation des droits constitutionnels de l’opposition issue des urnes et avec la volonté populaire que nous apprécions à sa juste valeur.
Dans le cadre de l’évaluation des politiques économiques et budgétaires du gouvernement, le parti appelle également le gouvernement à lever le voile l’un des dossiers qu’il néglige, à savoir le dossier de l’endettement, qui serait quasiment égal au produit brut intérieur, soulignant que le gouvernement a augmenté les montants et les taux des dettes en un temps record sans dévoiler leur rentabilité, se contentant de se targuer de la sortie de notre pays de la zone grise, qui a été réalisée grâce aux institutions financières nationales, sachant qu’il ne s’agit pas d’une réalisation sans précédent. En effet, le plus important et ce qui est requis du gouvernement et de sa majorité impuissante, c’est de produire une politique publique intégrée qui fait sortir le citoyen, l’entreprise et les territoires éloignés de la zone grise et vulnérable.
Troisièmement : Tout en réitérant son adhésion efficace et continue à l’orientation Royale stratégique relative à la protection sociale, le parti appelle le gouvernement à veiller à corriger sa démarche en matière de mise en œuvre de ce chantier stratégique
Prenant en considération l’importance du chantier de la protection sociale dont les fondements ont été instaurés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, il y a plus de deux décennies, qui en a défini les grandes orientations, l’agenda et ses fondements budgétaires, et dont le cadre juridique a été mis en place par le gouvernement précédent qui en a lancé le processus réglementaire, et tout en relevant les efforts déployés par le gouvernement actuel pour la mise en œuvre de cet arsenal réglementaire, le parti du Mouvement Populaire, qui est pleinement conscient que les sociétés ne changent pas seulement par décrets, et au vu de son suivi, son évaluation et sa constante communication sur le terrain avec les citoyens et citoyennes concernant le processus de mise en œuvre de ce projet vaste et complexe, attire l’attention du gouvernement sur les dysfonctionnements et les dérapages qui accompagnent cette mise en œuvre et qui pourraient entraver l’atteinte de ses nobles objectifs, appelant à la nécessité de d’élaborer une vision pour assurer la pérennité du financement et faciliter l’accès au Registre National de la Population, au Registre Social et à l’Assurance Maladie Obligatoire « AMO », en levant les entraves techniques et numériques qui ne tiennent pas compte des spécificités territoriales et sociales des catégories cibles.
Le parti appelle également le gouvernement à dévoiler les critères retenus pour déterminer l’indicateur d’éligibilité et, à travers lui, les critères afférents au concept de la pauvreté et au seuil de vulnérabilité selon le gouvernement. Le parti appelle aussi le gouvernement à lancer une campagne de communication intensive dans les zones rurales et montagneuses, ainsi que dans les villes et les zones périurbaines, pour vulgariser les détails de cet important projet auprès des citoyens, ce qui nécessite du gouvernement et des différentes institutions concernées d’aller sur le terrain et de se déplacer sur le territoire au lieu de faire la promotion de la transition numérique dans des territoires reculés qui ne disposent même pas du seuil minimal de la structure administrative, et à plus forte raison d’une structure numérique.
Par ailleurs, et tout en étant conscient de la difficulté que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) assure des services au profit des millions de nouveaux adhérents, le parti appelle le gouvernement à honorer ses promesses relatives à l’élargissement de l’offre de santé pour éviter de reproduire l’expérience du Ramed, tout en veillant à éviter de convertir les acquis de la gratuité du Ramed en des services payants par de larges catégories que même le gouvernement a classées dans la catégorie des catégories démunies et vulnérables.
Quatrièmement : Le parti appelle une fois de plus le gouvernement à se renoncer à ses rétractions dans la mise en œuvre des réformes stratégiques concertant le système d’éducation et de formation afin de lui épargner les risques de la faillite et de la tension
Dans ce cadre, et tout en relevant les limites de la politique gouvernementale et sectorielle dans le domaine de l’éducation tous cycles confondus après un an et demi du mandat du gouvernent, et tout en s’étonnant de la persistante du gouvernement à ignorer les réformes stratégiques qui encadrent le système d’éducation et de formation, telles la loi-cadre de l’éducation et de la formation, lesquelles réformes avaient été unanimement adoptées par les partis de la majorité avant de les renier sans fournir la moindre justification ou alternative, sauf à dilapider les deniers publics dans l’organisation de nouveaux débats et concertations autour de la réforme d’une réforme entérinée, comme en témoigne, par exemple, le lancement par le gouvernement de nouveaux débats régionaux sur le développement à la lumière d’un consensus national sur un nouveau modèle de développement !
En relation avec ce qui précède, et parce que le gouvernement justifie l’étouffement du pouvoir d’achat des citoyens par la réforme de l’éducation, le parti interpelle le gouvernement sur les manifestations de cette prétendue réforme à la lumière de la tension qui constitue désormais un signe distinctif de la gestion sectorielle dans les différents cycles du système. Quelles ont été les mesures prises par le gouvernement pour honorer son engagement portant sur l’intégration des enseignants cadres des Académies Régionales d’Education et de Formation (AREF) dans la fonction publique ? En effet, et au lieu d’intégrer les contractuels, le gouvernement a plutôt institué la contractualisation par la voie d’un statut unifié et non unique, dont l’identité et le sort sont toujours inconnus ?! Comment le gouvernement et ses trois partis pourraient-ils expliquer la privation de plus d’une trentaine de provinces de facultés et d’institutions universitaires de proximité sans pour autant offrir une alternative ? Où est la promesse de création de pôles universitaires régionaux ? Comment et d’où seraient-ils financés ? ! Quel est le sort du statut des professeurs d’université ? Quelle est l’avis de la majorité gouvernementale virtuelle au sujet de la sanction des étudiants titulaires de diplômes en les privant même du droit de se porter candidats à des concours, pour la seule raison qu’ils sont nés trente ans avant la naissance de ce gouvernement ? Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour mettre en œuvre le plan de généralisation de la langue amazighe dans les cycles du système d’éducation et de formation et dans les différents aspects de la vie publique ?
Cinquièmement : Le Mouvement Populaire appelle le gouvernement à révéler sa vision dans les domaines de l’emploi durable, de la justice sociale et du développement territorial, au lieu de poursuivre la production de programmes temporaires inutiles et sans horizon
Dans ce cadre, et loin des slogans politiciens du gouvernement, et sur la base des études et des indicateurs révélés par les institutions nationales spécialisées, qui œuvrent loin de la logique de la majorité et de l’opposition et qui ont confirmé et confirment la hausse sans précédent des indicateurs de chômage, de pauvreté, de vulnérabilité et de faillite des entreprises, le parti considère que l’offre gouvernementale dans ce domaine ne pourra pas réduire ces indicateurs inquiétants à la lumière de programmes tels que « Awrach », « Forsa » et « Sabil », qui ne sont que des mesures éphémères de soutien social indirect. Le parti considère que la faiblesse et le caractère limité de sa politique sociale et territoriale, malgré son hégémonie numérique dans les conseils des régions, des provinces, des préfectures et des communes, ne pourra pas réduire les inégalités territoriales et sociales. Bien au contraire, cette politique ne fera qu’accentuer ces inégalités et élargir la vulnérabilité qui affectera ce qui reste de la classe moyenne et aggravera la détérioration des indicateurs sociaux et de développement dans les zones rurales et montagneuses et les quartiers périurbains qui sont absents des programmes et des priorités du gouvernement.
Face à cette situation, le Mouvement Populaire souligne la nécessité de développer un plan d’urgence pour la mise en œuvre de la deuxième génération de la régionalisation avancée, d’instituer un soutien exceptionnel au profit des agriculteurs et des éleveurs, en particulier les petits et moyens d’entre eux, à l’instar du soutien institué au profit des transporteurs et des opérateurs touristiques ; lequel soutien devrait faire l’objet qui aujourd’hui d’une évaluation objective en raison de son échec à atteindre ses objectifs.
En outre, le parti appelle le gouvernement à renoncer à la politique de discrimination négative, sur les plans territorial et catégoriel, en matière d’orientation des programmes de soutien et d’implantation des investissements publics financés par les poches et les impôts de tous les Marocains. Nous en citons notamment la feuille de route annoncée dans le secteur du tourisme et qui n’a pas emprunté, depuis sa production, de la voie de l’équité territoriale au vu de sa consécration de la marginalisation des territoires dépourvues d’opportunités de développement malgré leurs atouts touristiques et territoriaux et leur riche patrimoine historique, culturel, écologique, montagneux et oasien.
Sixièmement : Le parti prévient le gouvernement que son adoption d’une approche technocratique et unilatérale en matière d’engagement de réformes des droits de l’Homme et de traitement de dossiers revêtant une sensibilité politique, sociale et culturelle ne fera que semer la division et la tension sociétale ; chose que nous ne souhaitons pas pour notre pays
Dans ce cadre, et tout en rappelant l’absence de toute vision du gouvernement dans sa déclaration devant le Parlement au sujet des réformes institutionnelles et des droits de l’Homme, chose que nous avons signalée à l’époque, et partant de sa conviction en tant que parti national honnête sincère ayant un ancrage marocain profond, le Mouvement Populaire note avec un grand étonnement l’absence de la voix du gouvernement et de sa majorité dans le débat sociétal sur de grands dossiers et des réformes stratégiques auxquelles le Souverain a appelé depuis des mois, telles la révision du Code de la famille et le dossier des Marocains du Monde. Il en va de même du mutisme du gouvernement au sujet du projet du Code pénal et son traitement de manière clandestine du dossier de la réforme des retraites loin des yeux de la société et sans l’implication des différents acteurs institutionnels et composantes de la société. De ce fait, le parti rappelle au gouvernement que ces dossiers majeurs, qui revêtent une sensibilité politique, religieuse, sociale et culturelle, ne peuvent être traités avec une vision technocratique étroite ou selon la logique des poids électoraux mouvants et transitoires, car il s’agit de questions qui relèvent de la compétence de toute la société. Le parti rappelle également au gouvernement la méthodologie participative adoptée lors de précédentes échéances, grâce à laquelle notre pays, sous la Clairvoyante Direction Royale, a traité les dossiers de l’Instance Equité et Réconciliation, produit le Code de la famille et la réforme de la justice et mené les chantiers de la régionalisation et du nouveau modèle de développement. Le parti a souligné, à cet égard, que les composantes de ce gouvernement ont participé à ces échéances, même si elles prétendent désormais une rupture avec ce passé, avec ses réussites et ses échecs, et ont marqué ces échéances de leurs empreintes plus que d’autres parties. Le gouvernement est ainsi dans un étrange paradoxe : d’une part, il tient mordicus, parmi cet héritage, à tout ce qui renforce son butin économique et politique, et au premier rang la décision de libéralisation des prix des hydrocarbures et de liquidation systématique de la Caisse de compensation et d’autres décisions héritées qui servent ses intérêts.