Aliae Errifi
M. Mohamed Ouzzine, membre du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a souligné que la garantie de la dignité des citoyens est tributaire de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux et ce, afin d’éviter des conséquences potentiellement désastreuses, comme en témoigne des événements qui interpellent le gouvernement ainsi que l’opposition, tels que les événements de la nuit de l’Achoura à Sidi Moussa dans la ville de Salé et ceux survenus bien auparavant à Fnideq, en référence à ce que l’on appelle la « Nuit de la grande évasion » ou l’exode massif de jeunes Marocains vers l’Espagne l’année dernière.
S’adressant au Chef du gouvernement, M. Ouzzine a affirmé « Ceux qui commettent ces actes ce sont nos enfants et l’avenir de notre pays. Nous craignons qu’ils ne se transforment en bombes à retardement, à la recherche de tous prétextes pour exprimer leur rejet de la marginalisation et de l’oppression. Nous craignons également que ce mouvement social ne prenne de l’ampleur », appelant à l’accélération de la prise de mesures et de la présentation de solutions à ces jeunes, portant notamment sur la santé, afin de préserver leur dignité, y compris leur santé.
A cet égard, M. Ouzzine estime que l’état des lieux du secteur de la santé dans notre pays trouve sa traduction dans la chanson du rap « Mon pays est le pays du RAMED, où tout le monde est malade, sans hôpital, sans médecin. Si tu veux une seringue, tu dois gratter tes poches », notant que les Marocains endurent des souffrances à cause de cette situation et affirmant « malheureusement, c’est la réalité dans laquelle nous vivons ».
Commentant l’exposé de M. Aziz Akhannouch, Chef du gouvernement, lors de la séance mensuelle des questions orales sur la politique générale, consacrée au thème « Le système de santé national : entre les réalisations actuelles et les aspirations futures », tenue le lundi 07 juillet 2025 à la Chambre des Représentants, M. Ouzzine a passé en revue les dysfonctionnement du système de santé au Maroc qui souffre d’une crise qui se manifeste à travers plusieurs défis, notamment le déficit de ressources humaines, notamment les médecins et les infirmiers, indiquant que les chiffres indiquent que le Maroc compte environ 14.000 médecins dans le secteur public, alors que, selon les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé, il faudrait plus de 60.000 médecins pour répondre aux besoins des populations.
Quant au personnel soignant et technique, M. Ouzzine a rappelé que le déficit dépasse 65.000 infirmiers et techniciens de santé, ce qui accroît la pression sur les professionnels du secteur et impacte directement la qualité des services de santé., sans parler de la détérioration des infrastructures hospitalières, du déficit de financement et de l’immigration des compétences médicales vers l’étranger, affirmant, à cet égard, « le tiers a émigré et les deux tiers restants cherchent des opportunités d’exode interne ».
Par ailleurs, M. Ouzzine a souligné « malheureusement, la santé publique dans le Royaume est réservée exclusivement aux personnes démunies, alors que les responsables et ceux qui sont bien nantis se font soigner à l’étranger », s’interrogeant « comment voulez-vous que le citoyen ordinaire fasse confiance à un système de santé que les responsables fuient ? C’est assurément une question que beaucoup de citoyens ordinaires se posent ».
A ce propos, M. Ouzzine s’est interrogé sur le sort des promesses du gouvernement en lien notamment avec la carte « Riâaya » qui devait garantir une prise en charge directe de manière à réduire les dépenses médicales supportées par les patients, la mise en place d’un système de médecine familiale, l’activation des consultations gratuites et obligatoires pour le suivi des grossesses et des nouveau-nés, l’allocation de 2.000 dirhams pour le premier enfant et de 1.000 dirhams pour le deuxième enfants, l’allocation d’une revenu de la dignité aux personnes âgées et la prise en considération des retraités.
M. Ouzzine a appelé le Chef du gouvernement à présenter des excuses aux Marocains pour les promesses non tenues, soulignant que « s’excuser est le propre des grands ».
D’autre part, M. Ouzzine a également évoqué les centres de santé abandonnés, qui ont coûté des millions de dirhams, s’interrogeant « où sont les ressources humaines ? Ou adoptez-vous une politique consistant à “mettre la charrue avant les bœufs” ? ».
M. Ouzzine a également abordé les problèmes auxquels fait face le personnel de santé, la situation des étudiants à la Faculté de médecine d’Errachidia qui suivent leurs études à la Faculté des Sciences, ainsi que la télémédecine, s’interrogeant comment les citoyens du « Maroc profond » pourraient accéder aux soins médicaux grâce à l’intelligence artificielle, alors qu’ils ne disposent pas des moyens basiques et que la plupart d’entre eux ne sont pas qualifiés pour le faire.
Ci-dessous le texte du commentaire du député Mohamed Ouzzine :