Activités du parti

Pour construire une famille équilibrée :

Le Mouvement Populaire appelle à un “changement global” du Code de la famille loin de toute mauvaise interprétation de la religion et une compréhension erronée de la modernité

Saliha Boujraf

Les intervenants lors d’un séminaire organisé par les deux Groupes Harakis au Parlement, en coordination avec l’organisation des Femmes Harakies, ont été unanimes à souligner la nécessité de procéder à un « changement global » du Code de la famille et à y inclure de nouvelles dispositions qui tiennent compte des évolutions juridiques et sociétales que connaît le Maroc.

Les participants, dont des politiques, des parlementaires, des universitaires et des acteurs associatifs, à séminaire organisé hier lundi à la Chambre des Représentants sous le thème “Le Code de la famille face aux défis sociaux et aux contraintes culturelles”, ont souligné que deux décennies après l’adoption du Code de la famille, certaines de ses dispositions sont désormais dépassées, d’où la nécessité de se doter d’une loi plus juste et plus équitable pour la famille et non pas seulement pour la femme.

M. Sentissi appelle à faire preuve d’audace dans le débat de manière à servir l’intérêt suprême de la famille

A cet égard, M. Driss Sentissi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants, a souligné que près de deux décennies après l’amendement du Code de la famille, plusieurs dysfonctionnements se sont révélés qui nécessitent d’être amendés et corrigés conformément avec ce qui est dicté par la religion islamique et l’intérêt de la famille, des femmes et des enfants, et de manière à consacrer l’égalité entre les femmes et les hommes en termes de droits et de devoirs, afin de construire une famille équilibrée, fondée sur les principes d’égalité, de justice, d’équité et de responsabilité partagée entre les époux.

Par ailleurs, le Président du Groupe Haraki à la Chambre des Représentants a souligné que l’amendement du Code de la famille constitue désormais une nécessité urgente qui interpellent tous les acteurs de la société, appelant à faire preuve d’audace dans le cadre du débat public sur la question de la réforme du Code de la famille, de manière à servir l’intérêt suprême de la famille avec toutes ses composantes.

M. Sbaîi appelle le gouvernement à interagir de manière positive et responsable avec les problèmes des femmes rurales et amazighes

Dans le même contexte, M. Mbarek Sbaîi, Président du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers, a mis l’accent sur la nécessité d’amender le Code de la famille d’une manière globale et radicale, compte tenu des défauts et insuffisances révélés par son application et ce, afin de se doter d’un code de la famille adapté avec les transformations profondes qui s’opèrent dans la structure de la famille marocaine.

Il a appelé le gouvernement à interagir de manière positive et responsable avec les problèmes des femmes marocaines, en général, et des femmes rurales et amazighes, en particulier, qui souffrent encore des affres de la marginalisation et de l’exclusion dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploi et de l’autonomisation linguistique à l’ère de la constitutionnalisation de la langue amazighe et en l’absence d’une vision politique et de développement chez le gouvernement actuel pour mettre en œuvre la parité territoriale et promouvoir les zones rurales et montagneuses.

M. Sbaîi a souligné, en outre, le Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers défend les valeurs de modération et de pondération qui distinguent la religion islamique, ainsi que la pensée du Mouvement Populaire, et rejette toutes les formes d’extrémisme dans le traitement de cette question sociétale, que ce soit selon une mauvaise interprétation de la religion, étant donné que ce qui n’est pas mentionné dans un texte juridique peut être soumis à l’ijtihad pour être en ligne avec les transformations sociétales, ou selon une compréhension erronée de la modernité qui n’est pas conforme avec les constantes de l’identité nationale authentique.

M. Ouzzine : Les lois, aussi avancées soient-elles, demeurent insuffisantes pour atteindre les objectifs de garantir l’équité et l’égalité à l’égard des femmes.

Pour sa part, M. Mohamed Ouzzine, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a entamé son allocution d’orientation en appelant à intégrer des amendements au Code de la famille qui soient conformes avec l’esprit et les dispositions du document constitutionnel, tiennent compte du principe d’équilibre entre les constantes religieuses et les exigences de la modernité et garantissent l’accompagnement des transformations accélérées que connaît la société marocaine.

M. Ouzzine a affirmé, à cet égard, que « le texte du Code de la famille, qui était considéré au moment de sa promulgation comme une révolution tranquille dans le domaine de la protection des droits de l’Homme et une reconnaissance du principe de l’égalité entre les deux sexes, a fait face lors de sa mise en œuvre à plusieurs défis, notamment la faiblesse des campagnes d’information et de sensibilisation pour informer sur la mise en application de ce Code et lutter contre la mauvaise interprétation de certaines de ses dispositions.

D’autre part, M. Ouzzine a souligné que la réforme et l’amendement du Code de la famille ne doivent pas être considérés comme une victoire d’une catégorie sur une autre, notant que les lois, aussi avancées soient-elles, demeurent insuffisantes pour réaliser l’objectif de garantir l’équité et l’égalité à l’égard des femmes.

M. Ouzzine a appelé à l’ouverture d’un débat approfondi qui va au-delà de ce qui est législatif et juridique, pour prendre en compte les dimensions culturelles, économiques et médiatiques, et pour lutter contre les stéréotypes véhiculés par les médias sociaux sur les femmes.

Mme Bouchareb souligné la nécessité d’une actualisation d’une manière qui réponde aux aspirations

Pour sa part, Mme Nouzha Bouchareb, Présidente de de l’organisation des Femmes Harakies, a estimé que l’organisation de ce séminaire, qui coïncide avec la célébration de la journée internationale de la femme, « est une opportunité pour faire entendre la voix des femmes et revendiquer leurs droits politiques, économiques, sociaux et humains, tout en focalisant sur les problèmes et les difficultés qui se dressent encore sur leur chemin, afin de les résoudre et améliorer la qualité de leur vie ».

Dans ce cadre, Mme Bouchareb a affirmé « en tant que femmes qui représentons la moitié de la société, nous ne nions pas les acquis que les femmes et les hommes marocains ont obtenus depuis l’indépendance, grâce à la démocratisation de l’éducation, qui a ouvert de larges horizons aux femmes pour s’intégrer dans la vie publique et faire leurs preuves en faisant prévaloir leur compétence et leur mérite, mais malgré ce qui a été accompli, nous n’avons pas encore atteint tous les objectifs en termes d’égalité et de droits pour de la femme qui représente la pierre angulaire de la famille.

A cet égard, Mme Bouchareb a souligné l’importance d’évaluer l’expérience du Code de la famille près de 20 ans après sa promulgation, sur la base des lacunes qui ont caractérisé son application u fait de l’interprétation de certains de ses contenus et dispositions, mettant l’accent sur la nécessité d’actualiser le Code de la famille afin qu’il soit adapté à l’esprit de la constitution de 2011 et aux conventions internationales que le Royaume a ratifiées et qu’il réponde aux aspirations contenues dans le nouveau modèle de développement.

Mme Bouchareb a rappelé que la revendication d’une réforme du Code de la famille dans le cadre des institutions est une pratique qui n’est pas seulement dictée par le choix démocratique, mais s’inscrit également dans le cadre de l’évolution des sociétés qui nécessite une législation adaptée à chaque étape, appelant à surmonter l’alignement étriqué et à soulever les problématique dans leur globalité et à traiter tous les tabous avec sagesse et responsabilité et ce, au service d’un Maroc avancé où prévalent l’égalité totale, l’équité et la justice.

Mettre l’accent sur l’équilibre entre la légitimité religieuse et l’ouverture sur la modernité de manière à garantir les droits de la famille

Par ailleurs, la rencontre, qui a abordé plusieurs thématiques connexes, notamment “l’interdiction du mariage des mineures”, “l’égalité et la justice dans la famille marocaine”, “le code de la famille est l’exception qui n’annule pas la règle” et “l’effectivité de l’égalité pour un développement durable’’, a conclu ses travaux en soulignant que le Code de la famille n’est pas un code pour les hommes, ni un code spécifique aux femmes, mais plutôt un code pour la famille toute entière et devrait, de ce fait, assurer un équilibre entre la légitimité religieuse et l’ouverture sur la modernité de manière à garantir les droits de la famille.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page